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Une étude récente menée en Suède, publiée en février dernier, met en lumière les risques cardiovasculaires liés à la consommation de café préparé avec des machines à café en libre-service, fréquentes dans les lieux de travail. Ces machines produisent un café contenant des niveaux élevés de cafestol et kahweol, deux composés présents en grande quantité dans les huiles de café. Une consommation excessive de ces substances est associée à une augmentation du taux de cholestérol LDL, connu sous le nom de « mauvais cholestérol », malgré certains bénéfices pour la santé. Ces concentrations sont jusqu’à 15 fois supérieures à celles retrouvées dans le café filtré à l’aide de papier de filtration.
De plus, l’ajout d’ingrédients comme la crème ou le sucre dans le café peut avoir un impact encore plus important sur les niveaux de cholestérol et la santé cardiaque, explique Maya Vadivelo, professeure en sciences de la nutrition à l’Université de Rhode Island, qui n’a pas participé à l’étude.
Après analyse de cafés préparés à partir de 14 machines différentes et comparaison avec du café maison, les chercheurs ont observé que la présence totale de cafestol et kahweol dans ces boissons constitue un risque cumulatif pour le cœur au fil des années. Ce risque est particulièrement élevé chez les consommateurs quotidiens de trois tasses ou plus de café provenant de machines en entreprise.
Les auteurs insistent sur l’importance de filtrer le café pour réduire la quantité de ces composés nocifs. Ils recommandent des méthodes de préparation qui limitent leur présence, notamment la cafetière à piston (French press), le café instantané, ainsi que le café filtré à l’aide de papier.
Les dangers du café non filtré et de l’espresso
Contrairement au café filtré, le café bouilli ou non filtré contient des concentrations élevées des pires composés responsables de l’élévation du cholestérol. Les recommandations alimentaires récentes des pays nordiques rappellent la nécessité de limiter, voire d’éviter, la consommation de ce type de café.
Au contraire, les machines traditionnelles à filtre à goutte ou à filtre papier éliminent presque entièrement ces substances augmentant le cholestérol, selon David Eigman, professeur à l’Université d’Uppsala et chef de l’étude, dans un article publié sur le site de l’université.
L’étude a montré que la consommation régulière de café bouilli ou non filtré au travail pourrait nuire à la santé cardiovasculaire en augmentant les taux de cholestérol dans le sang. Ce type de café contenait de 678 à 939 mg/litre de cafestol et kahweol, alors que leur passage à travers un filtre en tissu ou en papier réduisait ces niveaux à environ 21-28 mg/litre.
D’autres types de café, tels que celui préparé avec une machine à filtre, la cafetière à piston ou le café instantané, présentaient des concentrations modérées de cafestol (environ 90 mg/litre) et kahweol (environ 70 mg/litre), à l’exception de l’espresso qui, préparé sous haute pression sans filtre, affichait des niveaux très élevés pouvant atteindre 2447 mg/litre de cafestol.
Cette observation explique les résultats de recherches publiées en 2022, établissant un lien étroit entre la consommation d’espresso et l’augmentation du cholestérol LDL.
Melissa Priest, docteure en nutrition et porte-parole de l’Académie de nutrition et de diététique, conseille alors de réduire au minimum la consommation d’espresso, recommandant un maximum d’une à deux doses par jour.
Le café filtré, un allié contre le cholestérol LDL
Alors que la consommation de café est généralement liée à des bienfaits pour la santé, il a été démontré dès les années 1980 que le café non filtré augmente le taux de LDL, contrairement au café filtré au papier, au café instantané ou au café préparé à partir de capsules, comme le soulignent des études des années 1990.
La récente étude suédoise a révélé que les machines à café en libre-service délivraient en moyenne 174 mg/litre de cafestol et 135 mg/litre de kahweol, comparé à seulement 11,5 mg/litre et 8,2 mg/litre respectivement dans le café filtré au papier.
Une étude randomisée et contrôlée sur cinq ans, publiée en 2016, a montré qu’une réduction d’un millimole par litre du cholestérol LDL diminuait de 22 % le risque relatif de maladies cardiovasculaires. Sur une durée plus longue, ce risque peut être réduit jusqu’à 54 %.
En revanche, l’exposition chronique à des niveaux élevés de cholestérol LDL favorise l’athérosclérose et augmente la probabilité de maladies cardiaques.
Selon David Eigman et ses collègues, remplacer trois tasses de café provenant de machines à café par du café filtré au papier cinq jours par semaine pourrait réduire le cholestérol LDL de 13 % en cinq ans, et jusqu’à 36 % sur une quarantaine d’années.
Julia Zumbano, experte en nutrition au Centre Cleveland Clinic, souligne que le filtrage du café réduit significativement les effets négatifs du cafestol et du kahweol tout en préservant leurs bénéfices prouvés, notamment leurs propriétés anti-inflammatoires et leur rôle dans la diminution du risque de diabète de type 2.
Pourquoi privilégier le café filtré
Fin 2020, une étude menée sur un large échantillon de Norvégiens a confirmé que la consommation régulière de café non filtré pendant 20 ans était liée à une augmentation de la mortalité globale et des décès par maladies cardiovasculaires.
Regroupant l’ensemble des données, le café filtré apparaît donc comme le choix le plus sûr pour la santé cardiaque. Cette recommandation est en phase avec les directives nutritionnelles scandinaves de 2023, qui encouragent à remplacer le café non filtré par du café filtré.
Les chercheurs concluent que les concentrations de cafestol et kahweol dans les cafés bien filtrés en font la meilleure option pour préserver la santé cardiovasculaire, notamment dans le cadre professionnel.