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Depuis le 1er mars, l’augmentation de la taxe sur les sodas sucrés commence à se faire sentir dans les rayons des supermarchés français. Cette hausse, destinée à limiter la consommation de boissons sucrées et à encourager des comportements plus sains, se traduit déjà par une augmentation des prix et une baisse notable de la consommation.
Prix en hausse et baisse de consommation
Les premiers chiffres révélés par NielsenIQ indiquent une augmentation d’environ 10 % des prix des sodas, jus et eaux aromatisées sucrés en seulement deux mois, par rapport à la même période en 2024. Cette hausse tarifaire s’accompagne d’une diminution de plus de 4 % de la consommation de ces boissons. Face à cette réalité, les industriels s’adaptent progressivement en proposant davantage d’alternatives moins sucrées ou allégées.
Des consommateurs qui adaptent leurs habitudes
Pour beaucoup, cette hausse impacte directement le budget. Abel, étudiant, témoigne : « Quand c’est au frais dans les supermarchés, j’ai vu une augmentation de 10 à 15 centimes d’euros. Avant, c’était peut-être 0,90 euro la canette de Coca. Aujourd’hui, dans certains magasins, cela peut atteindre 1,20 euro. Si la canette passait à 2 euros, cela ferait forcément baisser la consommation. »
Axelle, elle aussi, reconnaît un changement dans sa consommation : « J’en consomme moins. Ce n’est pas vraiment pour ma santé, mais à cause de la hausse des prix, je me limite désormais à un verre occasionnel, surtout quand je ne veux pas boire d’alcool. »
Une taxe progressive et des industriels en quête d’alternatives
Instaurée en 2012, la taxe soda est devenue progressive depuis 2018 selon la quantité de sucre contenue dans les boissons. Si le gouvernement met en avant son rôle dans la lutte contre l’obésité et le diabète, de nombreux industriels dénoncent une taxe davantage motivée par des considérations financières, destinée à renflouer les caisses de l’État. En 2023, cette mesure a rapporté 443 millions d’euros.
Emmanuel Vasseneix, producteur de sodas pour la grande distribution et président de l’Union des Jus de fruits (Unijus) ainsi que de la Laiterie de Saint-Denis de l’Hôtel (LSDH), souligne que cette taxe représente pour son entreprise une hausse de plus de 20 millions d’euros par rapport à l’année précédente. Malgré cela, il ne s’inquiète pas de la baisse de consommation et indique que des efforts sont déjà engagés pour reformuler les produits : « On a déjà commencé à réfléchir à la reformulation de nos produits. Il s’agit des produits light, zéro sucre, notamment ceux à base de stévia, qui apportent une sensation sucrée sans les calories du sucre traditionnel. »
Alternatives plébiscitées et impact sur la santé publique
Certaines boissons, comme les versions « light », échappent à la taxe et rencontrent un succès croissant auprès des consommateurs, avec une augmentation des ventes de plus de 1 % en deux mois. Ce phénomène traduit un déplacement des choix vers des options moins caloriques.
Un rapport du ministère de la Santé publié en juillet 2024 précise que la taxation des boissons sucrées figure parmi les mesures les plus efficaces pour lutter contre le surpoids et l’obésité, aux côtés de l’étiquetage nutritionnel et de l’interdiction de certaines publicités. L’Organisation mondiale de la santé a d’ailleurs encouragé fin 2023 les gouvernements à renforcer ces taxes, soulignant que seulement 108 pays en appliquent une, avec un taux moyen représentant 6,6 % du prix d’un soda.
À l’international, les résultats sont probants : aux États-Unis, une étude publiée en 2019 dans le Journal de l’Académie américaine de médecine a montré une baisse de 38 % des ventes de boissons sucrées et édulcorées à Philadelphie, après l’instauration d’une taxe spécifique en janvier 2017.