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En France, une nouvelle étude sur la vie sexuelle des Français révèle un « paradoxe contemporain de la sexualité », mettant en lumière une diversité croissante des pratiques, tout en constatant une baisse d’intensité. Réalisée par l’Inserm, l’ANRS et Santé publique France, cette étude a impliqué 32 000 participants au cours des cinq dernières années.
Plus de partenaires et un nouveau répertoire de pratiques sexuelles
Les données montrent une augmentation du nombre de partenaires au fil des ans. En 1992, une femme avait en moyenne 3,4 partenaires, contre 7,9 en 2023. Pour les hommes, ce chiffre est passé de 11,2 à 16,4 partenaires sur la même période. Le multipartenariat, défini comme le fait d’avoir eu plusieurs partenaires au cours des 12 derniers mois, a également augmenté chez les jeunes de 18 à 29 ans, atteignant 23,9 % chez les femmes et 32,3 % chez les hommes en 2023.
Les Français explorent aussi une variété de pratiques sexuelles, avec une tendance vers une redéfinition de l’activité sexuelle. Nathalie Bajos, sociologue à l’Inserm, souligne une sexualité moins centrée sur la pénétration vaginale. Parallèlement, la masturbation, en particulier chez les femmes, a fortement progressé, atteignant 72,9 % en 2023 contre 42,4 % en 1992.
Une remise en cause des normes hétérosexuelles
Cette étude révèle également une remise en question des normes hétérosexuelles. L’acceptation de l’homosexualité a progressé, avec 13,4 % des femmes et 7,6 % des hommes déclarant avoir été attirés par des personnes du même sexe au cours de leur vie, des chiffres qui s’élèvent à 32,3 % pour les femmes et 13,8 % pour les hommes chez les 18-29 ans.
La sexualité des Français évolue aussi grâce au numérique. En 2023, 33 % des femmes et 46,6 % des hommes ont eu une expérience sexuelle en ligne, incluant des échanges d’images intimes, avec une forte démocratisation des « nudes » parmi les jeunes adultes.
Une baisse de l’activité sexuelle et de sa fréquence
Malgré cette diversité, l’étude indique une baisse générale de l’activité sexuelle. L’âge médian du premier rapport sexuel, qui avait chuté au début des années 2000, remonte légèrement : 18,2 ans pour les femmes et 17,7 ans pour les hommes en 2023. Cette tendance est également visible dans d’autres pays européens.
Selon Nathalie Bajos, des facteurs tels que la pandémie de Covid-19 et des transformations dans les comportements sociaux ont influencé l’entrée des jeunes dans la sexualité. L’activité sexuelle a diminué, passant de 86,4 % des femmes ayant eu des rapports sexuels dans l’année en 1992 à 77,2 % en 2023, et de 92,1 % à 81,6 % chez les hommes sur la même période.
Interrogations sur la définition d’un rapport sexuel
Les résultats soulèvent des questions sur la définition même d’un rapport sexuel. La fréquence des rapports sexuels a diminué : en 2006, les femmes en avaient 8,6 par mois, contre 6,0 en 2023, et les hommes, 8,7 contre 6,7. Les scientifiques notent que la définition du rapport sexuel pourrait évoluer, en tenant compte des nouvelles formes d’expériences sexuelles décrites dans l’enquête.