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Le dossier du Levothyrox, médicament prescrit à plus de deux millions de patients en France, continue de faire polémique, mêlant enjeux sanitaires et questions judiciaires. Depuis 2017, l’arrivée d’une nouvelle formule de ce traitement, contenant le même principe actif mais des excipients modifiés, a suscité de nombreuses réactions, notamment des plaintes pour effets secondaires.
Un contexte de controverse
En 2017, la mise sur le marché d’une nouvelle formule du Levothyrox a marqué un tournant. Cette version, sous le nom de Euthyrox, comprenait la même lévothyroxine, un traitement utilisé pour réguler la thyroïde, mais avec des modifications d’ordre inactif. Rapidement, plus de 30 000 patients ont signalé des effets indésirables tels que maux de tête, insomnies ou vertiges. Si les autorités sanitaires, dont l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), ont initialement nié toute relation directe avec la changement de formule, la polémique n’a fait que s’amplifier.
Les enjeux judiciaires
En décembre 2022, l’ANSM a été mise en examen pour « tromperie », puis en 2024 pour « tromperie aggravée », aux côtés du laboratoire allemand Merck, en charge de la fabrication. La cour d’appel d’Aix-en-Provence a confirmé début mai cette mise en examen, dans un contexte où la justice tente d’établir si des fautes ont été commises dans la gestion de cette réforme pharmaceutique.
Les accusations portent notamment sur l’absence de transparence et la minimisation des effets secondaires rencontrés par une partie des patients. Merck a immédiatement annoncé son recours en cassation, de même que l’ANSM, qui a indiqué dans un communiqué qu’elle se pourvoyait auprès de la Cour de cassation, contestant « l’infraction de tromperie » et « l’intention de nuire » avancées à son encontre.
Une affaire aux multiples volets
Ce dossier judiciaire, qui s’étend sur près de dix ans, comporte plusieurs enjeux, dont l’étude du rôle de l’autorité sanitaire et le respect des obligations de transparence en matière de santé publique. L’information judiciaire est toujours en cours, sans date précise pour un procès. Par ailleurs, la distribution de l’ancien traitement, sous le nom d’Euthyrox, a été prolongée jusqu’en 2024, puis 2025, afin d’assurer la continuité de traitement pour les patients.
Ce litige met en lumière l’équilibre fragile entre innovation pharmaceutique, sécurité sanitaire et confiance des patients, alors que la question de la responsabilité dans la gestion de cette crise demeure au cœur du débat.