Des ruelles baignées de soleil, des plages à perte de vue, un patrimoine culturel inestimable… L’Italie, la Grèce et la France évoquent l’image parfaite de cartes postales idylliques. Toutefois, derrière ce décor enchanteur, la réalité quotidienne des habitants de ces pays est nettement plus sombre. Selon le rapport 2024 d’Eurofound, l’agence européenne chargée d’améliorer la qualité de vie et les conditions de travail, ces trois nations affichent parmi les niveaux d’optimisme les plus faibles de l’Union européenne.
En effet, seuls 20 % des sondés en Grèce et en Italie se montrent optimistes quant à leur avenir, plaçant ces pays en bas du classement européen. La France suit de près avec un taux d’optimisme de seulement 28 %. À l’inverse, l’Irlande (49 %) et le Danemark (48 %) enregistrent des niveaux beaucoup plus élevés, témoignant d’un contraste saisissant avec les pays méditerranéens souvent prisés pour leur art de vivre.
Crise économique et moral en berne
Si les paysages paradisiaques dominent, le quotidien des populations est marqué par de lourdes difficultés. Le rapport met en lumière plusieurs facteurs expliquant ce pessimisme croissant :
- Une inflation persistante qui pèse sur le pouvoir d’achat.
- Une précarité accrue, notamment dans les secteurs à faibles et moyens revenus.
- Une insécurité grandissante dans le logement.
Ces challenges touchent particulièrement les pays du sud et de l’est de l’Europe. Par ailleurs, la qualité de vie globale a décliné sur plusieurs indicateurs depuis 2023, avec une instabilité professionnelle renforcée. L’accès au télétravail, perçu comme un levier d’équilibre entre vie privée et vie professionnelle, reste un privilège limité à certains pays occidentaux. En Grèce et en Italie, plus de la moitié des actifs déclarent ne jamais pouvoir travailler depuis chez eux, même lorsque leur emploi le permettrait.
Un constat alarmant pour les personnes fragiles
Les signes de dégradation ne s’arrêtent pas au domaine économique. La santé mentale des Européens, surtout des jeunes, se détériore, avec une augmentation notable des besoins non satisfaits en soins psychologiques, notamment chez les 16-29 ans, pourtant souvent perçus comme plus optimistes que les générations précédentes.
La situation est encore plus préoccupante pour les personnes en situation de handicap. Elles affichent un niveau de satisfaction de vie plus faible, une santé mentale plus fragile, et rencontrent des obstacles croissants pour accéder aux soins, en particulier celles vivant dans des conditions précaires.
Enfin, la confiance envers les institutions européennes décline fortement chez les jeunes, érodant leur foi dans la démocratie et leur espoir en un avenir meilleur.
Loin des clichés méditerranéens de dolce vita et de farniente, les populations d’Italie, Grèce et France font face à une réalité socio-économique pesante où difficultés matérielles, instabilité et isolement minent progressivement leur optimisme.