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Lutte contre l’octocrylène : la France demande une réduction en Europe

by Sara
France

L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a demandé à l’Union européenne de « réduire drastiquement » la concentration autorisée d’octocrylène dans les cosmétiques afin de « préserver l’environnement » ; octocrylène, cosmétiques, environnement, santé, réglementation européenne.

Octocrylène, cosmétiques, environnement, santé, réglementation européenne : la demande de l’Anses

Particulièrement vigilante sur les dangers de l’octocrylène, l’Anses précise dans un avis que « chaque année, plus de 1 500 tonnes d’octocrylène sont utilisées dans les produits cosmétiques en Europe ». L’agence explique que cette utilisation conduit à la contamination des milieux aquatiques et des sols, entraînant « des risques inacceptables » pour « la reproduction et la croissance des espèces aquatiques » (crevettes, poissons, algues) ainsi que pour des organismes terrestres.

Échantillons de crème solaire distribués à Paris
Des échantillons de crème solaire distribués gratuitement, à Paris, en pleine vague de chaleur, le 18 juin 2025.

L’octocrylène est utilisé comme « filtre UV [ultraviolets], absorbeur d’UV et photo-stabilisant » dans environ 30 % des produits solaires, mais aussi dans du maquillage, des crèmes de jour ou des parfums. Selon l’Anses, la molécule « se retrouve dans les eaux usées domestiques », dans le sol via « les boues de station d’épuration » et « contamine aussi les lacs, rivières et mers côtières lors des baignades ». Stéphane Jomini, chef de projet scientifique à l’Anses, indique à l’AFP que si « on en retrouve des quantités importantes dans les crèmes solaires », la réglementation européenne autorise une concentration maximale de 10 % et que « les rejets dans l’environnement sont multiples » et dépendent « des types de produits, des volumes de vente ».

L’Anses propose une restriction de la concentration qui, de fait, rendrait « en pratique la suppression de la mise sur le marché » des cosmétiques contenant de l’octocrylène : l’agence ne demande pas une interdiction pure et simple car la substance peut exister comme impureté dans certains produits, mais au nouveau niveau maximal suggéré ses propriétés seraient inefficaces.

Risque pour la faune, inquiétudes sanitaires et coûts évalués

L’agence souligne que l’octocrylène s’accumule et persiste dans l’environnement en quantités très élevées, et évoque d’éventuels effets toxiques pour la thyroïde et la reproduction. L’Anses note aussi que l’octocrylène « pourrait aussi être un perturbateur endocrinien », mais précise que les industriels n’ont pas fourni à temps les données requises pour évaluer ce risque, une substance étudiée par l’agence depuis 2012.

Pour évaluer l’impact économique d’une telle restriction, l’Anses a analysé les « impacts socio-économiques » et juge les surcoûts « modérés » si les fabricants remplacent l’octocrylène par une « association de substances » alternatives : 39 millions d’euros par an de 2027 à 2036, soit environ 0,04 % des ventes de produits cosmétiques en Europe en 2023. Karine Fiore, directrice adjointe à la direction des sciences sociales de l’Anses, déclare à l’AFP qu’« au regard des marges actuelles des fabricants sur ces produits, ces coûts seraient absorbés sans trop de difficultés » et rappelle que « il existe déjà depuis plusieurs années des crèmes solaires sans octocrylène ».

L’agence a également mesuré l’acceptabilité par les consommateurs d’éventuelles hausses de prix via une enquête auprès de 7 200 personnes dans six pays européens : selon l’Anses, le prix que les sondés sont prêts à payer « dépasse largement les coûts engendrés par la restriction », attestant de « la volonté des Européens à agir pour améliorer la qualité des environnements aquatiques ».

La proposition de l’Anses, présentée au nom de la France, s’inscrit dans le cadre du règlement européen Reach. Elle est en consultation publique sur le site de l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) jusqu’au 24 mars 2026. Les deux comités de l’ECHA (évaluation des risques et analyse socio‑économique) doivent rendre leurs avis en septembre 2026, permettant à la Commission européenne de trancher sur l’application de la restriction au plus tôt en 2027.

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source:https://www.lemonde.fr/planete/article/2025/10/02/environnement-la-france-exhorte-l-ue-a-restreindre-drastiquement-la-part-d-octocrylene-dans-les-produits-cosmetiques_6644002_3244.html

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