Home SantéPourquoi marche-t-on en téléphonant ? Ce que révèle la science

Pourquoi marche-t-on en téléphonant ? Ce que révèle la science

by charles

Pas besoin d’avoir un tapis de course pour battre des records de pas : une conversation téléphonique un peu longue suffit à déclencher un marathon maison. Si vous vous surprenez à arpenter votre salon pendant que vous parlez, rassurez-vous, vous n’êtes pas bizarre — vous êtes humain.

Ce comportement presque réflexe, que beaucoup remarquent sans jamais vraiment l’expliquer, intrigue autant qu’il amuse. Mais derrière cette agitation, se cache en réalité une réaction naturelle du cerveau, qui tente de compenser un manque et de gérer une surcharge. Et comme souvent, la science a mis son nez dedans.

Ce que ton corps compense quand il n’a plus les signaux visuels

Quand on échange en face-à-face, on s’appuie inconsciemment sur les regards, les mimiques, les gestes. Au téléphone, tout ça disparaît. Et ce manque perturbe le cerveau. “Parler au téléphone, c’est comme jongler avec une patate chaude sans pouvoir la passer à quelqu’un”, explique le psychologue Ken Fogel. Résultat : l’énergie accumulée, au lieu d’être partagée par le regard ou le sourire, cherche une autre issue. Et cette issue, c’est souvent… le mouvement.

En l’absence de feedback visuel, marcher devient une soupape naturelle. Plutôt que de triturer ses doigts ou taper du pied, on préfère se mettre en mouvement. Bonne nouvelle pour les angoissés du téléphone : cette marche compulsive n’est pas que tolérable, elle serait même bénéfique.

Des études ont montré que ces gestes involontaires (marcher, gesticuler, balancer les bras…) peuvent, sur une journée, brûler plus de calories qu’une séance de sport classique. Votre corps transforme donc le manque de repères sociaux en petite séance cardio.

Bouger pour penser mieux : quand tes pieds boostent ta mémoire

Mais ce n’est pas qu’une histoire de stress ou d’agitation. Ce besoin de se déplacer cache aussi un processus plus fin : bouger aide à réfléchir. C’est ce qu’on appelle la cognition incarnée. Autrement dit : notre façon de penser est liée à notre corps, pas juste à notre cerveau.

Un exemple frappant : des personnes aveugles de naissance, qui n’ont jamais vu personne faire de gestes en parlant, en utilisent quand même naturellement. Ce réflexe est inscrit dans notre câblage. Et lorsqu’on l’empêche – en forçant quelqu’un à s’asseoir sur ses mains – la parole devient moins fluide, plus hachée, moins précise.

Le corps, en bougeant, allège la charge mentale. Il aide le cerveau à formuler ses idées. Quand vous expliquez quelque chose de complexe, vous vous mettez à bouger plus. C’est une stratégie inconsciente pour vous libérer de ce que les neurosciences appellent la “charge cognitive”.

Imaginez votre cerveau comme un ordinateur portable un peu lent : marcher revient à fermer quelques onglets pour libérer de la RAM. En faisant les cent pas, vous vous créez de l’espace mental. Votre cerveau se concentre mieux, votre discours devient plus clair, et parfois, vous retrouvez même un mot coincé sur le bout de la langue.

Tourner en rond et stress : quand ton corps cherche à s’auto-réguler

Autre déclencheur bien connu : l’angoisse. Un entretien d’embauche, une discussion tendue, un appel imprévu… et vous voilà à faire des allers-retours dans le couloir. Là encore, ce n’est pas un caprice de votre système nerveux.

Ce mouvement continu est une réponse archaïque du corps à une montée d’adrénaline. Face à un stress, on active une réaction dite “combat ou fuite”. Et quand on ne peut ni combattre ni fuir (puisque l’appel continue), on évacue par le mouvement.

Le Center for Hyperhidrosis (USA), spécialisé dans les troubles liés au stress, l’explique ainsi : “quand l’adrénaline grimpe, le corps cherche n’importe quelle manière de se soulager — par des gestes automatiques comme marcher, tapoter, se balancer”.

Chez les adultes atteints de TDAH, ce réflexe est encore plus marqué : beaucoup déclarent devoir impérativement marcher pendant un appel pour rester concentrés. Sinon, l’attention s’évapore.

Ce mécanisme est une vraie stratégie de régulation émotionnelle : marcher aide à se recentrer, à calmer les battements du cœur et à stabiliser la voix. Un peu comme les sportifs qui bougent sur place avant un sprint : le corps transforme le stress en mouvement utile. Et au final, vous paraissez plus posé à l’oral… parce que vous avez vidé votre trop-plein en marchant.

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