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Le Procès Péchier, empoisonnements, Besançon, justice, clinique s’ouvre ce 8 septembre 2025 devant la cour d’assises du Doubs, après plus de sept ans d’enquête et une instruction qui a réuni trois collèges d’experts et 27 000 feuillets d’auditions.
Enquête et instruction (2008–2024) : sept ans et quatre mois d’investigations à Besançon
L’affaire démarre en 2008 après la mort de Damien Iehlen lors d’une intervention rénale. Une information judiciaire pour homicide involontaire est ouverte en 2009, sans qu’à ce stade le lien soit fait avec le Dr Frédéric Péchier. L’autopsie révèle une intoxication, mais l’auteur reste inconnu.
Entre 2008 et 2017, les enquêteurs ont recensé 77 événements indésirables graves (EIG) : 74 à la clinique Saint-Vincent et 3 à la Polyclinique de Franche-Comté. Au terme de l’instruction, 30 cas ont été retenus, pour lesquels les éléments constitutifs d’un empoisonnement ont été jugés suffisants. Trois collèges d’experts — médecins, anesthésistes, légistes, cardiologues, toxicologues — ont examiné tous ces dossiers.
La procédure, conduite entre 2017 et 2024, représente 27 000 feuillets d’auditions. Les investigations ont inclus l’examen des plannings des 1 514 employés présents dans les services des blocs opératoires des deux cliniques concernées ; Frédéric Péchier apparaît comme le dénominateur commun dans les situations retenues.
Cas pivot : l’alerte en janvier 2017 et l’analyse des poches intraveineuses
Le 11 janvier 2017, Sandra Simard subit une opération du dos et fait un arrêt cardiaque au bloc. Réanimée, elle survit mais garde des séquelles. Les poches récupérées sur le site de traitement des déchets, analysées, présentent une concentration en potassium cent fois supérieure à la normale. L’Agence régionale de santé (ARS) signale au procureur qu’à ce stade, « il ne peut être exclu qu’on soit face à un assassinat ».
Neuf jours plus tard, lors d’une nouvelle intervention, un autre patient, Jean‑Claude Gandon, fait un arrêt cardiaque et les policiers saisissent des seringues sur place, en quasi flagrant délit. Pour ce cas précis, le Dr Péchier reconnaît un empoisonnement mais explique qu’il est victime d’une machination destinée à le faire accuser.
Mises en examen et exhumations
Le 6 mars 2017, Frédéric Péchier est mis en examen pour sept empoisonnements, dont deux mortels. En 2019, la mise en examen est élargie : il est alors poursuivi pour 24 empoisonnements, dont neuf mortels. Plusieurs corps ont été exhumés pour permettre des analyses complémentaires. Deux nouveaux cas, dont un mortel, sont ensuite versés au dossier, portant le total à 30 cas pour lesquels le parquet demandera finalement le renvoi aux assises.
Placée sous contrôle judiciaire, la personne mise en cause fait l’objet d’interdictions d’exercer la médecine et de se rendre dans le Doubs, avant que certaines mesures évoluent dans la procédure ultérieure.
Procès Péchier, empoisonnements, Besançon, justice, clinique : déroulement et participants jusqu’au 19 décembre 2025
Le procès s’ouvre le 8 septembre 2025 et doit durer jusqu’au 19 décembre 2025, soit environ trois mois et demi. Le Dr Péchier est jugé pour 30 empoisonnements retenus par l’accusation, dont 12 mortels, commis entre 2008 et 2017 à la clinique Saint‑Vincent et à la Polyclinique de Franche‑Comté.
Parmi les victimes figurent des patients âgés de 4 à 80 ans au moment des faits. La plupart ont présenté un arrêt cardiaque au cours d’interventions considérées comme bénignes et sans antécédents médicaux majeurs. Entre 2008 et 2017, le taux de mortalité à la clinique Saint‑Vincent était six fois supérieur à la moyenne nationale.
Rôle de l’accusé et conséquences sur les patients
Excepté pour le dernier dossier retenu, les patients empoisonnés étaient alors pris en charge par d’autres anesthésistes ; le Dr Péchier intervenait souvent en renfort et a, selon l’instruction, prescrit rapidement le traitement antidote approprié, contribuant ainsi à sauver plusieurs personnes. Pour les cas où il n’est pas intervenu, les victimes sont décédées. Le Dr Péchier clame son innocence et dénonce un acharnement judiciaire.
Organisation du procès et chiffres
Le procès réunit un nombre exceptionnel d’acteurs : 156 parties civiles, 56 avocats, 131 témoins et 15 experts doivent se succéder à la barre. Près de 400 journalistes sont accrédités pour suivre les débats. Pour l’occasion, la salle du Parlement, dans l’ancien tribunal de Besançon, a été rénovée et plusieurs salles annexes aménagées pour le public et la presse. Les débats sont prévus sur quatre jours par semaine afin de permettre une adaptation si certaines auditions s’allongent.
Principales étapes de la procédure (sélection)
- 6 mars 2017 — Mis en examen pour sept empoisonnements, dont deux mortels.
- 10 mai 2018 — Demande de levée de mise en examen et souhait de reprendre une activité professionnelle.
- 16 mai 2019 — La justice retient 17 nouveaux cas, portant à 24 le total des empoisonnements retenus, dont neuf mortels.
- 18 septembre 2019 — La Cour de cassation maintient la possibilité pour le praticien de rester en liberté.
- 11 avril 2021 — Expertise (Zagury) conclut que Frédéric Péchier « n’a pas le profil d’un tueur en série ».
- 5 octobre 2021 — L’avocat révèle une tentative de suicide de son client.
- 8 mars 2023 — Mise en examen pour deux nouveaux cas d’empoisonnement.
- 29 mars 2023 — Nouvel élément de mise en examen, portant à 30 le nombre de cas.
- 31 mars 2023 — La justice détaille la liste des 32 victimes présumées dans le dossier élargi.
- 26 avril 2023 — Autorisation partielle d’exercer la médecine pour le praticien.
- 23 mai 2024 — Le parquet de Besançon requiert le renvoi devant les assises pour 30 empoisonnements, dont 12 mortels.
- 8 septembre 2025 – 19 décembre 2025 — Tenue du procès devant la cour d’assises du Doubs.