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« Nous avons décidé d’entamer une thérapie familiale sur les conseils de notre médecin de famille », se souvient Marc, papa de deux enfants de 12 et 14 ans. « À l’époque, Marine avait 9 ans et malmenait son petit frère : elle le frappait, lui prenait ses jouets… Avec ma femme, nous nous disputions sans cesse, aussi à cause des enfants. Enfin, c’est ce que nous pensions. Nous avons consulté pour Marine mais la thérapie a été bénéfique pour tout le monde. Elle nous a permis d’exprimer des souffrances, des ressentiments qui n’avaient jamais été formulés et de repartir sur de bonnes bases. »
Quel est l’objet d’une consultation de thérapie familiale ?
La thérapie familiale observe l’enfant ou l’adolescent dans ses interactions avec les différents membres de la famille : père, mère, frère, sœur, grands-parents… Elle cherche ainsi à comprendre ce que sa souffrance peut vouloir dire.
En effet, dans certains cas, les symptômes présentés par un jeune patient peuvent être considérés comme évocateurs d’un dysfonctionnement du groupe, notamment dans les relations parents/enfants, frères/sœurs. Il peut s’agir de communications paradoxales (qui s’annulent ou se contredisent), de non-dits, de fausses croyances ou d’incompréhensions mutuelles, de résistances au changement…
Comment fonctionne la thérapie familiale ?
L’objectif de la thérapie : comprendre dans quel contexte familial le symptôme a émergé et pourquoi il se maintient. Prenez, par exemple, un enfant dont les résultats scolaires chutent brutalement. On s’aperçoit que les parents se disputent fréquemment et se fâchent contre l’enfant à chaque mauvaise note au lieu de s’intéresser à leur propre problème ! Et pour cause : le symptôme de l’enfant protège l’équilibre familial.
Comment se déroule une thérapie familiale ?
Avant d’entreprendre une thérapie familiale, une première rencontre avec le thérapeute est nécessaire. Elle permet d’évaluer la situation et de motiver éventuellement un membre de la famille qui refuserait de participer à la thérapie. « Celui qui fait obstruction au travail étant souvent celui qui a le plus à perdre ! » constate-t-il.
Revue de la thérapie familiale : systémique, psychanalytique et comportementale
Il existe différentes approches en thérapie familiale :
- psychanalytique (verbalisation des affects…) : « L’approche psychanalytique s’attache au sens du symptôme », explique Éric Trappeniers.
- systémique : le travail porte plus sur le système d’interactions entre les membres de la famille…
- comportementale : « L’approche comportementale considère le symptôme en tant que tel et propose des techniques pour supprimer le comportement problématique. Enfin, l’approche systémique, que je pratique, s’intéresse à la fonction du symptôme. »
Thérapie familiale : les fausses idées
La famille ne devient pas pour autant un patient que l’on cherche à soigner ou réguler. Elle est plutôt envisagée comme un système qu’il s’agit de décrypter. La mise à jour des malaises familiaux a pour objectif prioritaire de soulager l’enfant souffrant, mais elle permet in fine à chacun des membres de mieux respirer. Une thérapie familiale ne débouche jamais sur la mise en accusation d’un individu dans la famille. Au contraire, quand elle est bien menée, elle a plutôt pour effet de gommer les mécanismes d’exclusion éventuellement à l’œuvre dans le cercle intime (père trop effacé, enfant bouc émissaire…).
Pourquoi la thérapie familiale est-elle efficace ?
La thérapie aide les familles à retrouver une certaine souplesse relationnelle, et des réponses nouvelles aux problématiques. Elle ne donne pas seulement aux enfants des conseils éducatifs mais fait émerger les solutions que tous les membres ont trouvées et approuvées ensemble.
Dès la première séance, ce sont bien souvent les enfants qui pointent clairement, par leurs paroles ou leur comportement, ce qui ne va pas. Il s’agit d’être attentif au non-verbal, car beaucoup de choses significatives passent par les gestes, les mimiques (yeux levés au ciel) ou les attitudes corporelles (agitation, énervement).
Quand la parole resserre les liens familiaux
Il faut veiller à ne pas laisser chacun enfermé dans son monde : travail, école, écrans, smartphone ou réseaux sociaux contribuent à cloisonner les membres de la famille. Il ne s’installe pas de sentiments hostiles mais une indifférence un peu apathique aux autres. Se rencontrer vraiment et échanger devient une organisation mûrement réfléchie, d’autant plus difficile qu’elle n’est pas spontanée.
Et si hier, la retenue était de mise, les valeurs se sont à présent inversées, notamment sous l’influence des théories liées à la psychanalyse. La thérapie par la parole libérant les émotions, on a eu tendance à penser que les non-dits et les secrets étaient nocifs et que « tout dire » était garant de bonne santé psychique et de relations harmonieuses.
Indications : quand solliciter un thérapeute familial ?
Une thérapie familiale est préconisée lorsqu’un enfant éprouve une difficulté qui a des répercussions dans la famille. Les problèmes de l’enfant révèlent alors une souffrance collective, souligne Éric Trappeniers. « Même si on consulte au départ pour un enfant, la thérapie familiale permet à chacun des membres de la famille de se remettre en question. »
Comment se passe une séance de thérapie familiale ?
Les séances durent en moyenne une heure. Elles réunissent les membres de la famille volontaires, une à deux fois par mois, pendant un an en moyenne (ou plus longtemps si la thérapie est d’inspiration psychanalytique), autour d’un psychologue ou psychiatre. Le psy va aider à mettre en évidence les schémas familiaux et les problématiques tout en évitant de favoriser leur reproduction.
Thérapie familiale, comment ça marche ?
L’accent est mis sur la parole, mais le travail s’appuie aussi sur des exercices et des outils de communication (jeux de rôle, discussion autour du génogramme…). Le système familial est mis en avant pour rétablir les liens et les fluidifier.