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Un débat inattendu anime la communauté des historiens autour du célèbre chef-d’œuvre médiéval : la tapisserie de Bayeux. Le sujet de discorde ? Le nombre exact de pénis brodés sur cette broderie monumentale, réalisée entre 1066 et 1083, qui retrace la conquête de l’Angleterre par Guillaume le Conquérant.
Un décompte controversé des pénis sur la tapisserie de Bayeux
Lors d’un épisode du podcast anglais HistoryExtra diffusé le 25 avril, deux spécialistes britanniques ont confronté leurs analyses sur ce détail anatomique jusque-là négligé. George Garnett, professeur à Oxford, affirmait jusqu’à récemment avoir comptabilisé 93 pénis sur la tapisserie. Selon lui, 88 apparaissaient sous les chevaux, tandis que cinq autres ornaient les jambes de combattants et soldats.
Ce chiffre a été la référence durant six ans parmi les experts. Cependant, un nouvel examen conduit par Christopher Monk, docteur en histoire et passionné du Moyen Âge connu sous le pseudonyme « The Medieval Monk », propose une lecture différente. Pour lui, la tapisserie en compte en réalité 94. L’objet du débat se situe autour d’une forme sombre visible sous la tunique d’un soldat courant, tenant une épée. Garnett y voyait un fourreau de dague ou un carquois, mais Monk est catégorique : il s’agit bien d’un pénis, malgré son apparence « ratée » et très détaillée sur le plan anatomique.
« Je n’ai aucun doute sur le fait que l’appendice est une représentation des organes génitaux masculins », assure Christopher Monk.
Un débat sérieux sur un détail insolite
Si ce sujet peut provoquer des sourires, il s’inscrit dans une discussion sérieuse sur la compréhension des mentalités médiévales. George Garnett rappelle que « l’intérêt de l’étude de l’Histoire est de comprendre comment les gens pensaient autrefois », précisant que les hommes du Moyen Âge n’étaient ni grossiers ni simplistes. Les deux historiens reconnaissent que révéler le nombre exact de ces pénis brodés dépasse la simple anecdote : c’est une clé pour mieux appréhender les esprits et les symboliques de cette époque.
La tapisserie de Bayeux : un trésor historique et artistique
Cette œuvre exceptionnelle relate les événements majeurs allant de la fin du règne d’Édouard le Confesseur en 1064 jusqu’à la bataille d’Hastings en 1066, où Harold Godwinson fut affronté par Guillaume de Normandie. Inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2007, la tapisserie mesure 68 mètres de long sur environ 50 centimètres de large, composée de neuf panneaux cousus ensemble.
Réalisée par un atelier normand, la commande aurait été passée par Odon, évêque de Bayeux et demi-frère de Guillaume, dans un but propagandiste. Au-delà du nombre de pénis, les historiens s’accordent sur l’importance des tailles variées des organes masculins représentés.
Les montures des deux chefs de la bataille, Harold et Guillaume, sont particulièrement mises en valeur : « Le cheval de Guillaume est de loin le plus imposant », souligne George Garnett, insistant sur le fait que ce n’est pas un hasard.
Une œuvre complexe à étudier
David Musgrove, animateur du podcast et expert de la tapisserie, qualifie la nouvelle théorie de Christopher Monk de « fascinante ». Il rappelle que cette broderie est un artefact à multiples couches qui « mérite une étude minutieuse » et continue de susciter l’émerveillement près d’un millénaire après sa création, jusque dans ses moindres détails.