Accueil ActualitéBusinessEconomie et financeRachat de Paramount : David Ellison au secours d’Hollywood

Rachat de Paramount : David Ellison au secours d’Hollywood

par Sara
France, USA

Le rachat de Paramount Global, un des plus grands groupes de divertissement d’Hollywood, est actuellement suspendu en raison de blocages réglementaires. La Federal Communications Commission (FCC) n’a pas encore donné son accord à la vente envisagée du groupe, détenu par l’héritière Shari Redstone, aux studios Skydance. Une décision est attendue avant le 7 juillet, mais sans surprise, le transfert de propriété ne devrait pas intervenir avant l’été prochain.

Un feuilleton financier au cœur de Hollywood

Cette opération, valorisée à environ 8 milliards d’euros, a fait grand bruit dans le monde du divertissement. L’année passée, plusieurs grands noms d’Hollywood, dont Byron Allen et Edgar Bronfman Jr., avaient tenté de négocier avec Shari Redstone, fille du légendaire Sumner Redstone, pour acquérir l’empire Paramount Global. Ce groupe demeure un acteur incontournable des médias, réunissant les studios à l’origine de chefs-d’œuvre signés Francis Ford Coppola, Sidney Lumet ou Roman Polanski, ainsi que le réseau de chaînes CBS et des marques phares comme Showtime, Comedy Central et MTV.

Des licenciements massifs face à une dette colossale

Ce rachat est scruté avec attention par l’ensemble de la filière, du cinéma au petit écran, et même par la Writers Guild of America, le syndicat américain des scénaristes. La pression s’intensifie pour les vendeurs, notamment Shari Redstone, qui doit composer avec une dette pesant environ 14 milliards d’euros. Sa famille détient seulement 10 % des actions, mais contrôle 77,5 % des droits de vote via leur holding National Amusements, garantissant un contrôle absolu sur le groupe.

Pour réduire cette dette, Paramount a dû drastiquement réduire ses coûts, avec des économies annuelles de 450 millions d’euros. En 2023, ce sont 2 000 employés qui ont été brusquement licenciés, un chiffre plus élevé que la somme des suppressions de postes chez Disney, Warner Bros et Netflix réunis, selon le magazine Fortune. Cette crise sociale a conduit au départ de Bob Bakish, ancien PDG de Paramount depuis 1998, une époque marquée par le triomphe historique de Titanic, qui avait engrangé 2 milliards d’euros de recettes au box-office mondial.

David Ellison, l’espoir pour un nouveau souffle

Face à ces difficultés, Shari Redstone a fini par accepter de vendre ses parts à David Ellison, à la tête des studios Skydance. Le producteur de 42 ans doit non seulement acquérir sa part au sein de National Amusements, mais aussi contribuer à renflouer la dette de Paramount à hauteur d’environ 1,3 milliard d’euros. Fils de Larry Ellison, fondateur d’Oracle et quatrième fortune mondiale, David Ellison s’est associé au fonds Redbird Capital pour réaliser ce rachat.

David Ellison connaît bien l’industrie du blockbuster ; il a produit le récent Top Gun : Maverick en 2022. Toutefois, la renaissance de Paramount ne repose pas uniquement sur son talent de producteur. Dans les années 1970, le studio avait déjà été sauvé par Bob Evans, un pionnier du « Nouvel Hollywood », qui avait su attirer une nouvelle génération de réalisateurs. Aujourd’hui, le modèle économique a profondément changé.

Une nouvelle orientation vers le streaming et la télévision

Paramount a recentré ses investissements sur la télévision et le streaming, plus rentables que le cinéma traditionnel. Le secteur de la vidéo à la demande connaît la croissance la plus rapide, avec les plateformes Paramount+ et Pluto qui ont généré environ 5 milliards d’euros en 2024. Ce chiffre est presque le double des revenus issus des films Paramount, estimés à 2,6 milliards d’euros l’an dernier.

Cependant, Paramount reste à la traîne face à ses rivaux directs Netflix et Disney, qui dominent largement le marché. David Ellison a promis de moderniser ces plateformes grâce à des investissements dans les technologies numériques et a évoqué l’usage de l’intelligence artificielle, s’inspirant notamment de Steve Jobs. Un tournant qui marque une nette rupture avec l’ère du « Nouvel Hollywood ».

Les défis de la télévision et des régulations

En cas de difficultés, David Ellison pourra compter sur le réseau CBS, qui demeure le plus regardé aux États-Unis pour l’information et le sport. La publicité a généré environ 7,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires, tandis que les abonnements aux chaînes câblées ont rapporté 7 milliards d’euros. Cependant, les audiences sont en baisse et le transfert des licences par la FCC reste incertain.

Cette incertitude est renforcée par un procès engagé par Donald Trump contre CBS News. L’ex-président américain réclame environ 9 milliards d’euros, accusant la chaîne d’avoir tronqué une interview de Kamala Harris lors de la campagne électorale. Sur son réseau Social Truth, Donald Trump a exhorté Brendan Carr, président de la FCC, à sanctionner les responsables de cette émission pour « comportement malhonnête et illégal ».

Mission Impossible : un dernier défi à Cannes

À Cannes, l’attention se tourne vers Tom Cruise qui présentera le dernier épisode de la saga Mission Impossible : The Final Reckoning. L’acteur, qui avait été temporairement en conflit avec Sumner Redstone, s’est réconcilié avec les studios désormais dirigés par Shari Redstone. Coproduit avec Skydance, ce film a bénéficié de moyens colossaux, avec un budget estimé à environ 380 millions d’euros, notamment gonflé par les grèves à Hollywood en 2023.

Pour que ce blockbuster soit rentable, il doit atteindre un box-office d’1 milliard d’euros, un défi que Tom Cruise n’a réussi qu’une seule fois, avec Top Gun : Maverick, qui avait dépassé 1,2 milliard d’euros en 2022. Ce nouveau chapitre pourrait marquer la fin d’une époque pour Paramount.

source:https://www.challenges.fr/entreprise/culture/rachat-de-paramount-par-skydance-david-ellison-pret-a-sauver-le-studio-du-naufrage_603843

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