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Le 13 mai 2025, la cour d’assises de Loire-Atlantique, à Nantes, a ouvert le procès d’un père accusé d’avoir causé la mort de sa fille, Selen, âgée de 18 ans. L’homme, âgé de 47 ans, est poursuivi pour avoir prétendument jeté sa fille du pont de Saint-Nazaire en juin 2022. Il affirme cependant qu’il a tenté de l’empêcher de se suicider, contestant la version des témoins.
Défense et émotion de l’accusé
Lors des audiences, l’accusé, vêtu d’une veste beige et au crâne dégarni, a exprimé son désarroi. À plusieurs reprises, il a clamé son innocence en déclarant : « C’était ma petite fille, ma princesse, mon cœur » et « je suis innocent, je ne l’ai pas tuée, j’aime ma famille, j’essaie toujours de protéger ».
Selon l’enquêtrice de personnalité, l’homme ne présente pas un caractère autoritaire. La mère de Selen le décrit comme un père moderne, impliqué dans l’éducation de ses filles, participant aux tâches quotidiennes et aux sorties scolaires. Face à la descente aux enfers de leur fille dans la drogue, il aurait toujours essayé de l’aider avec douceur, sans brutalité.
L’accusé reproche aux gendarmes de ne pas avoir répondu à ses appels à l’aide pendant plusieurs mois. Son responsable au travail, dans le bâtiment, parle de son impulsivité, mais précise qu’il ne manifestait pas de colère envers sa fille, plutôt une opposition à l’entourage qu’il juge responsable de sa consommation de drogue.
En janvier 2024, six mois avant le drame, le tribunal de Saint-Nazaire l’a condamné pour violences sur Selen, suite à une fugue d’environ une semaine. Des extraits de l’audition de la jeune fille mentionnent des menaces avec un couteau, des coups et des insultes. L’accusé aurait plusieurs fois déclaré vouloir la tuer, mais la victime avait refusé de porter plainte.
Drogue, fugues et traumatismes
L’enquêtrice de personnalité souligne que le père a pu « perdre pied par moments » face aux difficultés. Selen, en adolescence, a accumulé les fugues et est tombée dans la drogue, principalement le cannabis et la cocaïne, ce qui l’a conduite à la prostitution. Malgré sa foi musulmane, le père assure que la religion n’a jamais dicté l’éducation de ses filles. Marié en 2003 à l’église pour sa femme, il acceptait que Selen vive sa jeunesse, même s’il désapprouvait l’influence de son petit ami, déjà condamné pour violences sur elle.
Le père a découvert tardivement que sa fille avait été violée vers l’âge de 13 ou 14 ans par un membre de la famille maternelle. Ce traumatisme aurait marqué le début de son mal-être profond. Selen, décrite comme ayant des tendances suicidaires, n’a pas pu être hospitalisée faute de places disponibles, mais elle semblait s’épanouir dans une nouvelle formation et avait un rendez-vous prévu avec un psychiatre le 29 juin 2022, soit la veille de son décès.
Déroulement du procès et témoignages
Le procès s’articule autour de nombreux témoins affirmant que le père a délibérément poussé sa fille du pont. L’accusé maintient au contraire qu’il a tenté de l’empêcher de se jeter à l’eau. Lundi après-midi, l’avocat de la défense, Me Franck Boëzec, a fait citer une experte du témoignage en justice pour examiner la fiabilité des dépositions.
Mercredi après-midi sera consacré à l’examen de la personnalité de la victime, avec notamment le témoignage de son petit ami, actuellement en détention. L’accusé sera entendu jeudi sur les faits, tandis que son épouse, mère de Selen et qui ne s’est pas constituée partie civile, sera entendue vendredi. Le procès doit se poursuivre jusqu’au lundi 19 mai, date à laquelle le verdict est attendu.