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Les craintes de l’Allemagne et de l’Italie concernant leurs industries, ainsi que les divisions entre les États membres, poussent l’Union européenne à céder aux menaces de Washington sur les droits de douane. Cela constitue un risque majeur pour la souveraineté européenne.
Les inquiétudes de l’Allemagne
« J’ai dit à mes collègues : « Trouvons rapidement une solution, s’il vous plaît » », a déclaré le chancelier allemand Friedrich Merz à propos des droits de douane américains, après un sommet européen à Bruxelles.
Avec l’échéance du 9 juillet approchant, qui pourrait marquer le retour des tarifs « réciproques » de Donald Trump, de 20 % sur les produits européens, le chancelier semble perdre patience. L’état inquiétant de l’industrie allemande, qui représente 20 % du PIB, a déjà été affaibli par une série de chocs externes. En récession depuis deux ans, l’Allemagne a perdu 100 000 emplois industriels en un an.
Sauver les meubles des industries européennes
Les sanctions commerciales imposées par Trump pourraient porter un coup fatal à un secteur déjà en difficulté. Les États-Unis sont redevenus, en 2025, le premier partenaire commercial de l’Allemagne, remplaçant la Chine après dix ans de domination.
Pour protéger leurs industries, Friedrich Merz et la présidente du conseil italien, Giorgia Meloni, souhaitent se concentrer sur les secteurs les plus touchés, en acceptant éventuellement des droits de douane de 10 % sur la majorité des biens exportés par l’UE vers les États-Unis.
« J’ai notamment fait référence à certaines industries que nous avons en Allemagne : l’industrie chimique, l’industrie pharmaceutique, la construction mécanique, l’industrie de l’acier et de l’aluminium, ainsi que l’industrie automobile, qui sont toutes soumises à des tarifs tellement élevés que cela met vraiment en danger les entreprises. »
Un « signal politique délétère »
Négocier des garanties pour ces secteurs fragiles tout en acceptant des droits de douane de 10 % constituerait une acceptation implicite d’un principe de réciprocité, contraire aux règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Cette position n’est pas partagée par tous au sein des Vingt-Sept. Une source diplomatique française a déclaré :
« Céder sur les 10 % et accepter que cela devienne « the new normal » serait dangereux. D’abord, cela représenterait un signe de faiblesse. Ensuite, cela ne nous protégerait pas d’une nouvelle augmentation décidée par Donald Trump. Enfin, cela enverrait un signal politique délétère aux citoyens européens. »
Messages de soumission aux États-Unis
En dépit des déclarations de solidarité, les Européens semblent avoir envoyé des messages de soumission à Washington. Lors d’un sommet de l’Otan, ils ont accepté d’augmenter leurs budgets de défense à 3,5 % de leur PIB sur dix ans, sous l’influence de Trump.
La France est plus favorable à une réponse proportionnelle face aux sanctions américaines, comme l’a souligné Emmanuel Macron :
« Le prélèvement qui est fait sur nos industriels donnera lieu à un même prélèvement sur leurs industriels. »
Un enjeu stratégique pour l’UE
Les Européens envisagent même de renoncer à certaines réglementations dans le cadre des négociations commerciales, mettant en péril des acquis liés aux marchés numériques et à l’intelligence artificielle. Teresa Ribera, vice-présidente exécutive de la Commission européenne, a affirmé qu’un compromis sur ces sujets ne serait pas envisageable.
« Si l’on se plie aux exigences de Trump, j’ai du mal à nous voir réaliser l’effort nécessaire en matière de défense et de compétitivité. »
Incertitudes autour des négociations
Malgré toute cette pression, l’incertitude règne au sein des négociateurs américains, influencés par des intérêts divers et parfois contradictoires. Les discussions pourraient se prolonger jusqu’à la fête du travail américaine, le 1er septembre.
Selon Sander Tordoir, l’équipe Trump cherchera à prouver que le 9 juillet n’est pas qu’une simple menace et pourrait rétablir des droits de douane, ciblant potentiellement de plus petits pays pour éviter une réaction négative de Wall Street.