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Les incendies en Espagne (incendies Espagne) qui ravagent le pays depuis deux semaines ont provoqué des émissions CO2 historiques et des panaches de fumées toxiques, selon l’observatoire européen Copernicus, aggravant directement le cercle vicieux du changement climatique.
Émissions CO2 record en Espagne
La courbe des émissions liée aux feux de forêt pointe presque à la verticale : Copernicus a annoncé mardi 19 août que les rejets de dioxyde de carbone observés pendant ces incendies atteignent des niveaux jamais vus en 23 ans de données pour l’Espagne. Le 20 août, selon les chiffres transmis à Libération, 22 millions de tonnes de CO2 avaient déjà été larguées dans l’atmosphère, davantage que les émissions annuelles des 3,4 millions de personnes habitant à Madrid. Ce bilan n’est sans doute pas définitif, les incendies étant toujours en cours.
Mark Parrington, directeur scientifique du Service de surveillance de l’atmosphère Copernicus (Cams), constate une hausse brutale des émissions : «Les émissions liées aux incendies en Espagne et au Portugal au cours du mois d’août ont été exceptionnelles. En seulement 7 à 8 jours, les émissions totales estimées sont passées de niveaux inférieurs à la moyenne au plus haut total annuel jamais enregistré pour l’Espagne dans les deux dernières décennies», explique-t-il. Au Portugal, les émissions sont estimées à environ 10 millions de tonnes de CO2, un volume inférieur au record de 2017.
Zones affectées, surfaces brûlées et chiffres clés
Depuis le début de l’année, 382 000 hectares ont été dévorés par les flammes en Espagne, un record qui dépasse le bilan de 2022 (306 000 hectares). Presque la totalité de cette surface brûlée correspond aux deux dernières semaines caniculaires, durant lesquelles des brasiers se sont succédé dans plusieurs régions : Castille-et-León, Galice, Asturies et Estrémadure.
Ces incendies ont généré des émissions massives sur une très courte période, contribuant à faire de 2025 un point d’anomalie dans les séries de données nationales et européennes sur les gaz à effet de serre.
Fumées toxiques et dégradation de la qualité de l’air
Les feux ont aussi libéré des panaches de fumées chargées en particules fines, dangereuses pour la santé. Copernicus avertit :
«Les observations du réseau espagnol de surveillance de la qualité de l’air, ainsi que celles issues du système de prévision et de suivi du Cams, montrent que la qualité de l’air s’est dégradée sur une vaste partie du pays, avec des concentrations de particules fines PM2,5 largement supérieures aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé».
Les particules PM2,5, très petites, pénètrent profondément dans les voies respiratoires et augmentent les risques sanitaires pour les populations exposées. L’observatoire précise que la fumée a parcouru plusieurs centaines de kilomètres, provoquant des effets au‑delà des zones directement touchées par les incendies : les panaches ont notamment recouvert la moitié ouest de la France le week‑end dernier et ont atteint le Royaume‑Uni.
Un cercle vicieux entre incendies et changement climatique
Les experts rappellent la dynamique qui relie émissions et feux : les activités humaines émettent du CO2, ce qui réchauffe l’atmosphère et crée des conditions plus favorables au développement des incendies de forêt ; ces derniers, en brûlant la végétation, libèrent à leur tour d’importantes quantités de CO2, renforçant le changement climatique.
La flambée des émissions observée en quelques jours illustre cette rétroaction et souligne la vulnérabilité des écosystèmes face aux vagues de chaleur et à la sécheresse.
Impacts sanitaires et étendue des panaches sur l’Europe
Outre les conséquences climatiques, les fumées augmentent la charge de pollution atmosphérique sur des zones densément peuplées, même éloignées des foyers. Les autorités sanitaires et les réseaux de surveillance ont relevé des concentrations de particules fines supérieures aux seuils recommandés par l’OMS sur une vaste partie du territoire espagnol et dans des régions transfrontalières.
Copernicus et les réseaux nationaux continuent de suivre la situation pour estimer l’évolution des émissions et des impacts pour la qualité de l’air à court terme.