Home ActualitéFuite de Bédouins en Cisjordanie face au harcèlement des colons

Fuite de Bédouins en Cisjordanie face au harcèlement des colons

by Lea
France

Au cœur de la Cisjordanie occupée, la communauté bédouine d’al-Hathrura est confrontée au harcèlement répété des colons installés dans des avant-postes illégaux. De nombreuses familles ont été contraintes de quitter leurs maisons pour fuir les violences quotidiennes. Le récit de Kaabneh illustre une fuite qui s’est accélérée depuis l’escalade des violences en 2023.

Ahmed Kaabneh, Bédouin, s’était juré de rester sur ses terres, mais l’installation de colons à environ 100 mètres de chez lui l’a contraint à partir. Son village de Kaabna, près de Jéricho, autrefois vivant, est désormais désert. Quatre de ses frères et leurs familles vivent désormais à 13 kilomètres de chez lui, dans des habitations de fortune construites sur les collines.

Ahmed Kaabneh dans son village Kaabna

Dans le centre de la Cisjordanie, de nombreux habitants de la communauté d’al-Hathrura ont déjà fui, poussés par les actes de harcèlement. Le hameau de Kaabna ressemble aujourd’hui à un lieu abandonné, marqué par l’absence des familles et par des caravanes et un drapeau israélien qui situent l’emplacement de l’avant-poste installé récemment.

Lors d’une visite de l’AFP quelques semaines avant le départ forcé, deux colons surveillaient le village depuis une colline qui surplombe l’accès poussiéreux. À proximité, des signes évidents de l’emprise des colons se multipliaient sur le terrain.

« C’est une situation terrifiante », racontait Kaabneh à propos d’un harcèlement quotidien et d’un défrichement progressif du territoire. « Ils crient toute la nuit, lancent des pierres… Ils nous empêchent de dormir et de circuler librement le jour », ajoutait‑il.

Moins de trois semaines plus tard, seuls des activistes d’ONG et un vieux chat occupaient les vestiges du village déserté, au milieu de vélos d’enfants et de chaussures abandonnés. Sahar Kan‑Tor, militant de l’organisation Standing Together, précise qu’ils surveillent les propriétés, car de nombreux lieux abandonnés sont souvent pillés par des colons. À l’endroit où la cabane d’avant-poste s’élevait, on voit désormais un canapé et une table abandonnés, témoins d’un départ précipité. « Ils profitent du chaos », résume Kan‑Tor. « Dans ce sens, c’est une terre sans lois. »

Les ONG israéliennes Peace Now et Kerem Navot affirment que les colons agissent « avec l’appui du gouvernement israélien et de l’armée ». Certains ministres du gouvernement actuel seraient eux‑mêmes issus de familles de colons, comme Bezalel Smotrich, partisan de l’annexion de la Cisjordanie. La colonisation s’est poursuivie sous tous les gouvernements depuis 1967 et s’est intensifiée récemment, avec la guerre à Gaza déclenchée le 7 octobre 2023 par l’attaque du Hamas sur Israël.

Dans sa nouvelle demeure, à l’est d’al‑Hathrura, Kaabneh ne se sent pas en sécurité. Des colons se sont approchés de chez lui et surveillent encore la communauté depuis une colline voisine. « Ils nous poursuivent partout », confie-t-il.

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