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Iran exige des garanties AIEA adaptées à l’après-guerre

by Sara

Téhéran demande que les accords de garanties avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) soient adaptés aux conditions d’après-guerre, estimant que les règles actuelles « n’ont pas été conçues pour la guerre » et ne répondent pas aux besoins apparus après douze jours de conflit. Le porte-parole de l’Organisation de l’énergie atomique d’Iran, Behrouz Kamalvandi, a appelé à des modifications des textes et des mécanismes d’exécution pour protéger la sécurité des sites et l’usage des informations recueillies par l’agence.

Enjeux politiques et coopération

Kamalvandi a critiqué l’approche politique au sein de l’AIEA, qu’il juge responsable d’une coopération rendue « plus complexe ». Il accuse certaines puissances occidentales d’utiliser le Conseil des gouverneurs comme levier de pression pour empêcher l’Iran de tirer pleinement parti de ses capacités nucléaires civiles.

Selon lui, ces dynamiques politiques affectent la confiance et compliquent les échanges d’informations techniques nécessaires à la surveillance et au développement pacifique du nucléaire iranien.

L’industrie nucléaire et la production d’électricité

L’Organisation de l’énergie atomique souligne le rôle croissant du nucléaire dans la vie économique et sociale du pays, notamment pour contribuer à la fourniture d’électricité.

  • Objectif estimé : environ 10 % de la capacité électrique nationale via le nucléaire.
  • Capacité nominale totale estimée du pays : entre 80 000 et 100 000 MW.
  • Besoins nucléaires correspondants : 8 000 à 10 000 MW.
  • Capacité nucléaire actuelle : environ 1 000 MW — déficit d’environ 9 000 MW.

Ces chiffres illustrent, selon les autorités iraniennes, l’ampleur des investissements nécessaires pour combler l’écart entre la capacité actuelle et l’objectif fixé.

Rencontre entre Behrouz Kamalvandi et le directeur général de l'AIEA, Rafael Grossi, à Téhéran

Usages non énergétiques du nucléaire

Kamalvandi a détaillé l’emploi des technologies nucléaires hors secteur énergétique : santé, agriculture et lutte contre le gaspillage alimentaire.

Il a expliqué que la technologie nucléaire permet d’accélérer le développement de semences résistantes à la sécheresse, une nécessité pour l’Iran située en zone aride, réduisant des décennies de sélection à quelques mois grâce aux techniques appropriées.

  • Production actuelle : environ 73 types de radio‑médicaments.
  • Produits entièrement locaux : 5 à 6 préparations.
  • Rôle médical : contribution au traitement du cancer, dans un contexte d’augmentation du nombre de malades estimé entre 350 000 et 400 000.

Garanties et lacunes en situation de conflit

Le porte-parole indique que l’accord de garanties a été rédigé pour des « circonstances normales » et que la disposition 68 du texte évoque des situations particulières telles que inondations, incendies ou tremblements de terre, avec l’obligation pour l’État membre d’informer l’AIEA sous 72 heures en cas de perte ou de détérioration de matières nucléaires.

Selon Kamalvandi, les débats des années 1970 montrent que la guerre n’a pas été officiellement intégrée à ce cadre, et que l’accord a été conçu comme si un conflit armé ne pouvait « jamais » survenir.

Son inquiétude principale porte sur l’accès aux sites frappés : les informations collectées par l’AIEA sont transmises au Conseil des gouverneurs puis aux États membres, ce qui, d’après lui, peut exposer l’Iran à des risques si ces données tombent entre les mains de pays ayant mené des attaques.

Installation nucléaire de Natanz en Iran, image satellite

  • Préoccupation centrale : sécurité des sites endommagés et protection des informations.
  • Position iranienne : accès limité aux sites touchés sauf sous conditions et garanties suffisantes.
  • Coopération possible pour les sites indemnes, où l’AIEA peut obtenir les informations nécessaires sans risque d’abus.

Voie vers une modification des accords

Kamalvandi a évoqué l’accord de principe conclu au Caire avec la participation du ministre Abbas Araqchi, qui reconnaît que l’actuelle convention de garanties « ne suffit pas » face aux nouvelles réalités.

Le texte issu de ces discussions mentionne explicitement la « phase post‑guerre » et distingue les sites endommagés des sites intacts, avec des procédures différentes pour chacun.

L’Iran estime que l’acceptation de cette approche par l’AIEA constitue une reconnaissance tacite de l’argumentation juridique iranienne et invite à entamer le processus de modification via les articles 20, 21 et 22 de la convention.

  • Étapes nécessaires : approbation parlementaire iranienne, passage par le Conseil des gouverneurs de l’AIEA et autres procédures juridiques internationales.
  • Demande iranienne : garanties contre l’usage abusif des informations et méthodes alternatives d’inspection adaptées aux circonstances de guerre.
  • Appel à la participation d’autres pays concernés par le risque d’attaques sur leurs installations.

Kamalvandi a rappelé le principe central de la convention, cité à l’alinéa (d) de l’article premier : la certitude que les matières nucléaires ne sont pas détournées vers une finalité militaire. Il a ajouté que l’Iran propose des méthodes alternatives pour fournir cette assurance « dans des conditions particulières » et que, selon lui, l’AIEA reconnaîtra leur validité si elles sont convaincantes.

Il a conclu en soulignant que la porte du dialogue reste ouverte : « en négociation, il faut convaincre l’autre, pas le contraindre. Nous ne sommes pas ceux qui se laisseront contraindre. »

source:https://www.aljazeera.net/news/2025/12/10/%d9%85%d8%b3%d8%a4%d9%88%d9%84-%d8%a5%d9%8a%d8%b1%d8%a7%d9%86%d9%8a-%d8%a7%d8%aa%d9%81%d8%a7%d9%82-%d8%a7%d9%84%d8%b6%d9%85%d8%a7%d9%86%d8%a7%d8%aa-%d9%85%d8%b9

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