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Chute marquée des marchés américains et du dollar
Les actions américaines et le dollar ont connu une baisse significative, suite aux attaques du président des États-Unis, Donald Trump, contre le chef de la banque centrale américaine. Ces critiques ont ébranlé la confiance des investisseurs dans la première économie mondiale.
Le S&P 500, indice de référence, a reculé de 2,36 % lundi, enregistrant l’une des plus fortes baisses sur une seule journée de l’année. Parallèlement, le Nasdaq Composite, à forte composante technologique, a chuté de 2,55 %, ce qui place l’indice à près de 18 % en dessous de son niveau du début d’année.
Le dollar a atteint un plus bas niveau en trois ans, s’affaiblissant temporairement à 97,923 face à un panier de devises majeures. Les obligations du gouvernement américain ont également souffert, les investisseurs se détournant des actifs traditionnellement considérés comme refuges, tandis que le rendement des bons du Trésor à 10 ans a dépassé 4,4 %.
Ouverture en baisse des marchés asiatiques
Les marchés asiatiques ont ouvert en net repli mardi, avec l’indice Nikkei 225 au Japon, le Hang Seng de Hong Kong et le TAIEX de Taïwan en baisse d’environ 0,8 %, 0,6 % et 0,5 % respectivement, à 02h00 GMT.
Les critiques renouvelées de Trump envers Jerome Powell
Ces pertes profondes surviennent alors que Donald Trump a intensifié ses attaques contre Jerome Powell, président de la Réserve fédérale américaine (Fed). Sur les réseaux sociaux, il a qualifié Powell de « grand perdant » et de « Monsieur Trop Tard » pour ne pas avoir abaissé plus rapidement les taux d’intérêt.
Trump a menacé à plusieurs reprises de remplacer Powell, affirmant la semaine dernière que son limogeage « ne pourrait pas arriver assez vite ». Vendredi dernier, Kevin Hassett, principal conseiller économique de Trump, a indiqué que l’administration étudiait la possibilité de destituer Powell, dont le mandat court jusqu’en mai prochain.
La prudence persistante de la Fed face aux baisses de taux
Depuis sa dernière réduction des taux directeurs en décembre, le comité de politique monétaire de la Fed se montre prudent quant à une nouvelle baisse à court terme. Cette retenue s’explique par la crainte que les droits de douane imposés par Trump n’alimentent l’inflation.
Lors d’un discours la semaine dernière, Powell a averti que ces tarifs pourraient plonger l’économie américaine dans une situation où faible croissance, hausse du chômage et inflation accrue coexisteraient, créant une « tension » entre les objectifs de la banque centrale : emploi maximal et stabilité des prix.
Les craintes d’ingérence politique dans la politique monétaire
Joseph E Gagnon, chercheur principal à l’Institut Peterson pour l’économie internationale, a expliqué à Al Jazeera que l’expérience montre que les politiciens sont tentés d’assouplir la politique monétaire durant leur mandat pour stimuler croissance et emploi, au risque d’une inflation plus élevée une fois hors du pouvoir.
« Les marchés comprennent cela et craignent que le président Trump ne tente de défaire la protection de longue date accordée à la Fed contre les interférences politiques », a-t-il ajouté.
Indépendance de la Fed et cadre légal
Nommé par Trump en 2017 et reconduit pour un nouveau mandat de quatre ans par l’ancien président Joe Biden, Powell a déclaré qu’il ne démissionnerait pas s’il en était prié et que sa révocation ne pourrait intervenir que pour faute grave.
Selon un arrêt de la Cour suprême des États-Unis datant de 1935, l’exécutif ne peut révoquer les dirigeants d’agences fédérales indépendantes telles que la Fed que pour « cause ». L’administration Trump, qui remet en question plusieurs normes établies, cherche à faire annuler ce précédent vieux de 90 ans dans une affaire judiciaire concernant la destitution des présidents de la Merit Systems Protection Board et du National Labor Relations Board.
Conséquences possibles d’un limogeage de Powell
Une éventuelle révocation de Powell provoquerait très probablement une onde de choc sur les marchés financiers, étant donné le principe centenaire selon lequel la Fed doit fixer les taux d’intérêt librement, à l’abri des considérations politiques.
Austan Goolsbee, président et directeur général de la Banque fédérale de réserve de Chicago, a averti que toute tentative de compromettre l’indépendance de la banque centrale aurait des répercussions négatives sur l’économie.
« À long terme, une telle ingérence conduirait à une inflation plus élevée », a-t-il déclaré lors d’une interview à CNBC, sans commenter directement les attaques de Trump contre Powell. « Cela signifierait une croissance plus faible et un chômage plus élevé. »
Réactions des marchés financiers
Joseph Gagnon a résumé la situation en soulignant que les marchés financiers réagissent à la « probabilité accrue d’une ingérence présidentielle » dans les affaires de la Fed.
« Plus généralement, les investisseurs seront moins enclins à placer leurs capitaux aux États-Unis s’ils croient que la Fed ne sera plus indépendante à l’avenir, car cela signifie que l’économie américaine ne performera pas aussi bien qu’auparavant », a-t-il conclu.