Les États-Unis envisagent-ils de se retirer de l’OTAN ?
Les récentes déclarations fracassantes du potentiel candidat à la présidence américaine Donald Trump ont ravivé les craintes d’un possible retrait américain de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), l’entité demeurant la force motrice de cette alliance. Mais qu’en est-il vraiment de la possibilité d’un tel scénario ?
Lors d’une réunion tenue en Caroline du Sud le 10 février dernier, l’ancien président américain et potentiel candidat des Républicains pour 2024 a semé la panique sur le Vieux Continent en déclarant « Je ne vous protégerai pas » en cas de sa réélection.
La menace de Trump était dirigée spécifiquement envers les pays membres de l’OTAN ne consacrant pas 2 % de leur produit intérieur brut à leurs dépenses militaires. Cependant, au-delà des paroles, les États-Unis pourraient-ils réellement se retirer de l’OTAN et mettre fin à leur présence militaire en Europe ?
La question a été posée par le magazine français « L’Opinion », entamant sa réponse par un bref aperçu historique de cette alliance. Fondée en 1949 avec à l’origine 12 pays membres, dont les États-Unis, l’OTAN compte désormais 31 membres liés par seulement 14 articles, y compris l’article 5 célèbre, impliquant une réponse collective en cas d’agression contre l’un des pays membres de l’alliance.
Procédure de retrait
L’article 13 stipule que cette alliance, après une période de 20 ans, peut être quittée par toute partie un an après notification à gouvernement américain, chargé de notifier les autres gouvernements du dépôt de chaque document de retrait.
Dans cette situation, comment les États-Unis pourraient-ils se retirer d’eux-mêmes ? Selon Emily Zima, docteure en sciences politiques et chercheuse à l’Institut de recherches stratégiques de l’École militaire, cela nécessiterait « l’ajout d’un texte procédural », car hormis l’article 13, il n’y a aucune disposition concernant les étapes à suivre si un pays souhaite quitter l’alliance.
Le magazine a souligné que toute sortie des États-Unis entraînerait une réévaluation du fonctionnement même de l’alliance, notant que Trump, pendant son mandat de 2016 à 2020, n’a pas mâché ses mots à l’égard de l’OTAN, la qualifiant d’ « organisation dépassée », mais que certains de ses conseillers ont réussi à atténuer son penchant isolationniste.
D’autre part, le magazine a rappelé qu’en décembre 2023, le Congrès a émis une loi indiquant qu’aucun président ne peut suspendre, mettre fin, condamner ou se retirer de l’adhésion des États-Unis à l’OTAN sans une loi votée par le Congrès ou l’approbation des deux tiers du Sénat, exigeant également que le président informe le Congrès 180 jours avant d’entamer un plan de retrait, une mesure qui semble spécialement conçue pour Donald Trump, selon le magazine.