Le Nutri-Score, système d’étiquetage nutritionnel, a été au centre d’un vote serré à l’Assemblée nationale: les députés ont rejeté ce jeudi la généralisation sur les emballages des produits alimentaires. Le scrutin, marqué par des divergences entre formations politiques et par les positions du gouvernement, s’inscrit dans un débat sur l’information des consommateurs et les enjeux économiques. Les échanges ont aussi mis en lumière les répercussions potentielles pour les producteurs et les territoires.
À l’Assemblée nationale, le rejet de la généralisation du Nutri-Score
Le vote, intervenu le 4 décembre, s’est soldé par 120 voix contre 117. Cette décision met fin à une tentative de généraliser l’étiquetage du Nutri-Score sur l’ensemble des emballages, une mesure envisagée après des votes en première lecture en novembre. Le gouvernement et certains députés ont soutenu le volontariat ou l’élargissement progressif, tandis que d’autres estiment que l’obligation aurait amélioré la transparence pour les consommateurs et combattre les dérives de l’industrie alimentaire.
La ministre de la Santé Stéphanie Rist était opposée à la généralisation du Nutri-Score, préférant « poursuivre l’augmentation du nombre de produits étiquetés avec le Nutri-score sur la base du volontariat ».
Du côté des partisans de l’opposition, LFI a défendu une orientation plus extensive, en mettant en avant les arguments: « épidémies de maladies chroniques » liées à « la malbouffe ». La position a été contredite par les partisans de la majorité et du gouvernement, qui ont mis en avant les risques juridiques et les coûts potentiels pour certaines filières régionales et AOP.
Selon les députés RN, Sandrine Dogor-Suchs a souligné qu’une « obligation nationale isolée risque de créer une insécurité juridique et une distorsion du marché ». Cette lecture a renforcé l’idée que l’uniformité des règles pourrait troubler l’écosystème des produits alimentaires français.
Du côté des professionnels de la nutrition, la non-généralisation du Nutri-Score est présentée comme une mauvaise nouvelle. Avec ce vote, « Ferrero, Lactalis, Coca-Cola, Mars, Mondelez, Danone, Kraft, Unilever international » opposés à « cette mesure de santé publique », ont « finalement gagné, de justesse », selon Serge Hercberg, professeur de nutrition et co-créateur du Nutri-Score.
Réactions et enjeux: entre partis et professionnels
La ministre et les députés ont largement défendu des positions pragmatiques. Pour Loïc Prud’homme, député de la France insoumise (LFI), la généralisation aurait permis de lutter contre les « épidémies de maladies chroniques » liées à « la malbouffe », mais les experts estiment que l’uniformité imposée n’est pas la solution unique et encouragent une approche plus nuancée, soutenue par le principe du volontariat dans certains segments. Les professionnels de la nutrition et les associations appellent toutefois à maintenir un cadre informatif robuste pour les consommateurs.
