Home ActualitéPeut-on relancer la paix au Soudan grâce à l’action internationale?

Peut-on relancer la paix au Soudan grâce à l’action internationale?

by Sara

# Peut-on relancer la paix au Soudan grâce à l’action internationale?

<section>
<h2>Un réveil des négociations</h2>
<p>
Khartoum – Les mouvements américains, onusiens et régionaux se sont intensifiés pour relancer les négociations entre l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide afin de mettre fin à la guerre qui ravage le pays depuis environ six mois, depuis leur dernier round à Djeddah en Arabie saoudite.
</p>
<p>
Les observateurs estiment que les deux parties cherchent à changer l’équilibre militaire et à obtenir des gains sur le terrain après que le combat ait atteint une impasse.
</p>
</section>

<section>
<h2>Conditions de Burhan</h2>
<p>
Après une période d’interruption des communications entre le gouvernement soudanais et Washington, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a eu un entretien téléphonique de 30 minutes avec le président du Conseil de souveraineté soudanais, Abdel Fattah al-Burhan, mercredi, pour discuter de la fin urgente du conflit au Soudan et de l’accès sans entrave à l’aide humanitaire.
</p>
<p>
Des sources proches du Conseil de souveraineté ont révélé à Al Jazeera Net que Blinken avait demandé à Burhan d’envoyer sa délégation à Djeddah début juin pour entamer un nouveau round de négociations avec les Forces de soutien rapide, sous les auspices de l’Arabie saoudite et des États-Unis, avec la participation de l’Égypte, des Émirats arabes unis, de l’Union africaine et de l’organisation régionale « IGAD ».
</p>
<p>
Selon ces mêmes sources, Burhan a exprimé des réserves quant à cette invitation, exigeant la mise en œuvre des accords signés à Djeddah en mai 2023 avec les Forces de soutien rapide, l’envoi d’une invitation officielle comprenant l’ordre du jour des négociations et les participants des pays de la région, ainsi que des garanties et des mécanismes pour mettre en œuvre tout nouvel accord.
</p>
<p>
Malik Agar, vice-président du Conseil de souveraineté, a déclaré lors d’une conférence à Port-Soudan que le gouvernement « n’ira pas à un autre round de négociations à Djeddah avec les Forces de soutien rapide sans consultation préalable ».
</p>
<p>
Il a également rejeté « la manière dont le secrétaire d’État américain a demandé à Burhan de se rendre à Djeddah sans consulter le gouvernement », considérant que cela constituait « un mépris inacceptable ».
</p>
<p>
Cet appel téléphonique de Blinken a coïncidé avec la visite de Ramadan Lamamra, envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU, à Port-Soudan où il a eu des entretiens avec Burhan. Lamamra a souligné que l’organisation internationale cherchait à raviver les négociations de paix et à lancer un processus politique pour résoudre la crise à travers un dialogue soudano-soudanais.
</p>
</section>

<section>
<h2>L’initiative égyptienne</h2>
<p>
Le 13 juillet 2023, Le Caire a accueilli une conférence des pays voisins du Soudan, insistant sur la nécessité de mettre fin à la guerre, de respecter pleinement la souveraineté et l’unité du Soudan, et d’arrêter les ingérences étrangères, tout en préservant l’État soudanais.
</p>
<p>
Le ministère égyptien des Affaires étrangères a prévu fin juin prochain pour organiser une nouvelle conférence réunissant toutes les forces politiques civiles soudanaises, ainsi que les partenaires régionaux et internationaux concernés, afin de parvenir à un consensus entre les parties soudanaises sur les moyens de bâtir une paix globale et durable dans le pays.
</p>
<p>
Le ministère soudanais des Affaires étrangères a salué l’initiative égyptienne, tout en définissant les conditions nécessaires pour réussir la conférence. La plupart des forces politiques et civiles ont également accueilli favorablement cette invitation, la considérant comme un effort d’un pays attaché à la sécurité et à la stabilité du Soudan, et traitant de manière équitable toutes les parties en conflit.
</p>
<p>
L’ambassadeur Salah Halima, ancien assistant du ministre égyptien des Affaires étrangères, explique que l’initiative égyptienne envers le Soudan est née d’une initiative populaire et communautaire, menée par le Conseil égyptien des affaires étrangères.
</p>
<p>
Halima souligne que la résolution de la crise soudanaise se fera dans un cadre global à travers un cheminement sécuritaire et militaire visant à cesser les hostilités, suivi d’un cheminement humanitaire et enfin d’un cheminement politique portant sur une période de transition dirigée par un gouvernement de compétences civiles, organisant ensuite des élections basées sur une constitution approuvée par consensus durant la période de transition.
</p>
<p>
Il ajoute qu’une autre dimension globale concerne la participation des forces régionales et internationales concernées, ces forces formeront un groupe de contact pour surveiller et garantir la mise en œuvre de tout accord conclu.
</p>
</section>

<section>
<h2>Plan de « Taqaddum »</h2>
<p>
À Addis-Abeba, capitale éthiopienne, s’est achevé jeudi la conférence fondatrice des forces démocratiques civiles « Taqaddum », au cours de laquelle l’ancien Premier ministre Abdullah Hamdok a été élu président du conseil de direction de la coalition.
</p>
<p>
La déclaration finale de la conférence indique que les 600 participants ont adopté une vision politique pour arrêter la guerre, établir l’État et mener la révolution à son terme. Ils ont insisté sur l’unité du peuple soudanais et du territoire, et sur l’établissement d’un État civil démocratique équitable envers toutes religions, identités et cultures.
</p>
<p>
La déclaration a accueilli favorablement l’initiative américano-saoudienne via la plateforme de Djeddah, ainsi que les efforts déployés par l’Égypte et les pays voisins pour mettre fin à la guerre et parvenir à la paix.
</p>
<p>
Hamdok s’est engagé, lors de son discours de clôture de la conférence, à mettre fin à la guerre. Il a déclaré « Nous ne céderons pas à la trahison et nous ne nous rendrons pas jusqu’à ce que la guerre cesse. Nous ne sommes alignés avec aucune partie, quoi qu’en disent certains ».
</p>
![De gauche à droite, l’envoyé spécial russe Mikhaïl Bogdanov en visite au Soudan le mois dernier (Agence de presse soudanaise)](https://aljazeera.net/wp-content/uploads/2024/04/%D8%A8%D8%A8%D8%A8%D8%A8%D8%A8-1714376993.jpg?w=770&resize=770%2C513)
</section>

<section>
<h2>Un point focal</h2>
<p>
Le politologue et rédacteur en chef du journal « Al-Tayyar », Osman Mirghani, estime que Djeddah est la seule plateforme pour mettre fin à la guerre au Soudan, indépendamment du lieu, comme ce fut le cas lors du dernier round à Manama où la médiation bilatérale est devenue quintuple. Selon lui, tous les différents chemins mèneront à la plateforme de Djeddah, et il pense que la multiplicité des démarches ne diminuera pas le rôle des médiations étrangères.
</p>
<p>
Mirghani considère que le processus tend vers une solution pacifique négociée. S’il y a prise de conscience et volonté, il sera facile de parvenir à une solution et à un accord final. Il regrette ceux qui misent plus sur les bénéfices politiques de la guerre que sur la paix durable.
</p>
</section>

<section>
<h2>Compétition géopolitique</h2>
<p>
Pour l’analyste et chercheur en politique, Khalid Saad, il existe une compétition régionale et internationale pour jouer un rôle dans la crise soudanaise, notamment après les orientations marquées du Soudan envers la Russie, ce qui pourrait être une manœuvre dans ce dossier.
</p>
<p>
Saad n’exclut pas que les récentes déclarations de la direction de l’armée, affirmant leur intention de combattre jusqu’au dernier soldat, soient un facteur poussant les acteurs internationaux et régionaux à agir. Cela pourrait inquiéter certaines nations, en raison des tensions sur les côtes de la mer Rouge et des conditions sécuritaires fragiles de certains pays voisins.
</p>
<p>
Saad envisage également une possible coordination entre l’Égypte et les États-Unis derrière ces mouvements pour élaborer une vision politique entre les parties soudanaises pour résoudre la crise. Cependant, tous les acteurs internationaux et régionaux croient implicitement que la solution visera principalement les groupes armés. S’ils réussissent à engager des pourparlers, la position des forces politiques dans tout accord potentiel sera secondaire.
</p>
<p>
Saad estime que cette stratégie est basée sur l’idée que la négociation et ses résultats se fondent sur les puissances militaires, considérées comme capables de mettre en œuvre l’accord, comme cela a été le cas dans des accords de paix précédents.
</p>
<p>
Il pense que la multiplicité des plateformes dilue les efforts de résolution, mais considère que l’unification des forces politiques est une carte gagnante contre les agendas extérieurs nuisibles à l’unité du pays. Cela renforce également l’aspect de la souveraineté et constitue une étape décisive pour arrêter la guerre sans compromettre la cohésion et la légitimité de l’institution militaire. En revanche, la persistance de la division prolongerait la guerre et compliquerait davantage ses conséquences.
</p>
</section>

You may also like

Leave a Comment