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Selon l’AFP, le procès par contumace de Joseph Kony s’ouvre mardi devant la Cour pénale internationale (CPI), chargé d’imputer les crimes commis par l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) en Ouganda et dans des régions voisines. Des survivants racontent les années d’enlèvements, les violences et les pertes qui ont marqué des générations. À des milliers de kilomètres de La Haye, leurs témoignages et leurs espoirs de justice occupent une place centrale dans ce dossier complexe.

Au tribunal de La Haye, le procès de Joseph Kony s’ouvre
Le dossier rappelle que ce procès par contumace démarre mardi devant la Cour pénale internationale. La LRA est accusée d’avoir terrorisé des zones d’Afrique centrale pendant trente ans, provoquant la mort de plus de 100 000 personnes et l’enlèvement de 60 000 enfants, transformés en soldats et en esclaves. Pour échapper à ce destin, de nombreux jeunes sont devenus des «voyageurs de la nuit» et se sont déplacés d’un village à l’autre.
Everlyn Ayo, qui fut citée dans les témoignages, se souvient de ces années: «Nous partions à 16 heures parce que les distances étaient longues et nous avions peur des villages la nuit. Le matin, nous devions attendre la lumière du jour vers 8 heures pour rentrer», a-t-elle raconté, plus de trois décennies après les faits.
La LRA, qui a opéré dans des forêts de l’Afrique centrale, s’est ensuite dispersée dans les forêts de la République démocratique du Congo, de Centrafrique, du Soudan du Sud et du Soudan. Ses méfaits ont très largement diminué ces dernières années, selon les éléments portés à la CPI.
Témoignages et perspectives des victimes
«Voir tout ce sang en tant qu’enfant a traumatisé mes yeux», soupire Everlyn Ayo, qui parle au nom de nombreuses personnes concernées par ce conflit.
Stephen Ocaya, âgé aujourd’hui de 38 ans, a lui aussi été un voyageur de la nuit pendant deux ans à partir de ses 6 ans. «Les rebelles venaient ici, cherchant de la nourriture, des vêtements, tout ce qu’ils voulaient et même enlevant des gens pour les ajouter à leurs soldats», raconte-t-il. Il se cachait dans une église voisine, Holy Rosary, ou dans un parking de bus, puis revenait au petit matin pour étudier. Quand les autorités ougandaises ont démarré l’enquête, elles «ont trouvé beaucoup de personnes tuées là-bas», dit-il.
Au sein des survivants, Stella Angel Lanam, directrice exécutive de l’Initiative pour les victimes de guerre et le réseau des enfants, qui fut captive de la LRA, a déclaré espérer une forme de justice devant la CPI: «J’avais seulement 10 ans, et j’ai souffert pendant neuf ans».
Monument de Lukodi et mémoire des victimes
À Lukodi, petit village situé à 17 km de Gulu, un monument a été dressé en mémoire des 69 habitants tués le 19 mai 2024. Après l’arrivée des rebelles, l’armée ougandaise a fui et les villageois qui le pouvaient se sont réfugiés ailleurs; ceux qui n’ont pas pu s’échapper ont été tués, parfois «tués à la baïonnette, d’autres découpés en morceaux et d’autres brûlés vivants dans leur maison», selon les témoignages de Wilfred Lalobo. Parmi eux, sa belle-sœur et six proches, ainsi que sa petite-fille Akello, âgée de 4 ans.
Le récit de Lukodi rappelle que l’époque des violences de la LRA a laissé une mémoire durable dans le nord de l’Ouganda, même si les violences ont diminué ces dernières années.