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Kilimandjaro : 75% des espèces végétales perdues en 100 ans (Tanzanie)

by Sara
Tanzanie

Une étude récente révèle que les pentes inférieures du Kilimandjaro, en Tanzanie, ont perdu près de 75 % des espèces végétales indigènes par kilomètre carré au cours d’un siècle (1911–2022). Cette érosion de la biodiversité est principalement attribuée aux activités humaines et au changement d’usage des terres, le changement climatique n’apparaissant que comme facteur secondaire.

Méthodologie et sources

Les chercheurs ont combiné plusieurs types de données pour reconstituer l’évolution de la végétation sur le massif :

  • analyses de cartes historiques et données cartographiques ;
  • données démographiques montrant l’évolution de la densité de population ;
  • images satellites pour suivre les changements d’occupation du sol (voir https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2024/3/9/%D8%A7%D9%84%D8%A3%D9%82%D9%85%D8%A7%D8%B1-%D8%A7%D9%84%D8%B5%D9%86%D8%A7%D8%B9%D9%8A%D8%A9) ;
  • une base de données haute résolution couvrant environ 3 000 espèces végétales présentes dans la région.

Les résultats et l’analyse détaillée sont publiés dans la revue PLOS One : https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0334184&utm_source=pr&utm_medium=email&utm_campaign=plos006.

Principaux résultats

L’étude conclut que les pentes basses du Kilimandjaro ont perdu environ 75 % des espèces végétales naturelles par km² entre 1911 et 2022.

Les facteurs identifiés comme responsables de cette perte sont :

  • le changement d’usage des terres (conversion des habitats naturels en terres agricoles) ;
  • l’expansion urbaine et l’augmentation rapide de la densité de population — passant d’environ 30 à 450 habitants par km² entre 1913 et 2022 ;
  • la déforestation pour la collecte de bois de chauffage et la production de briques ;
  • l’introduction et la prolifération de plantes non indigènes, parfois invasives ;
  • l’élevage et la pression pastorale sur les habitats restants.

Contrairement aux récits dominants qui imputent souvent ces disparitions principalement au changement climatique, l’analyse montre que le rôle du climat sur les tendances locales de la biodiversité n’est pas mesurable de manière significative dans ce cas précis.

Contexte écologique et socio-économique

Le Kilimandjaro est un volcan tropical endormi abritant le plus haut sommet d’Afrique (5 895 m). Ses pentes hébergent une mosaïque d’écosystèmes — forêts montagnardes, savanes sèches et zones cultivées — qui fournissent des services essentiels à des millions de personnes.

La zone située entre 700 et 1 100 mètres se caractérise par une savane montagnarde chaude et sèche, ponctuée de parcelles agricoles et d’habitats humains. Le couvert végétal naturel qui subsiste subit une pression intense liée aux activités humaines décrites ci‑dessus.

Voies d’atténuation et recommandations

Les auteurs soulignent que des stratégies fondées sur la gestion des usages du sol peuvent limiter la perte de biodiversité. Parmi les approches prometteuses :

  • le développement et la diffusion de l’agroforesterie traditionnelle et diversifiée pour réduire la conversion des habitats ;
  • la création et le renforcement d’aires protégées bien gérées ;
  • des politiques visant à traiter les facteurs socio-économiques (croissance démographique, besoins en ressources) plutôt qu’une focalisation exclusive sur le climat.

Ces pistes témoignent d’un potentiel d’atténuation applicable à d’autres montagnes tropicales confrontées à des pressions similaires.

Implications pour la conservation

Les montagnes tropicales comme le Kilimandjaro constituent des « hotspots » de biodiversité et fournissent des services écosystémiques vitaux. L’étude met en évidence la nécessité d’orienter les politiques de conservation vers les causes directes de déclin, en particulier les changements d’usage des terres et les pressions humaines locales.

Comprendre et agir sur ces facteurs est essentiel pour préserver la biodiversité régionale et les moyens de subsistance des populations dépendantes de ces écosystèmes.

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Références et ressources

Pour approfondir :

  • Article scientifique : https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0334184&utm_source=pr&utm_medium=email&utm_campaign=plos006
  • Informations générales sur le changement climatique : https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2015/12/14/%D8%A7%D9%84%D8%AA%D8%BA%D9%8A%D8%B1-%D8%A7%D9%84%D9%85%D9%86%D8%A7%D8%AE%D9%8A
  • Contexte sur l’Afrique : https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2015/6/14/%D8%A3%D9%81%D8%B1%D9%8A%D9%82%D9%8A%D8%A7

Mot-clé principal : biodiversité Kilimandjaro.

source:https://www.aljazeera.net/climate/2025/11/14/%d9%81%d9%82%d8%af%d8%a7%d9%8675-%d9%85%d9%86-%d8%a7%d9%84%d9%86%d8%a8%d8%a7%d8%aa%d8%a7%d8%aa-%d8%a7%d9%84%d8%b7%d8%a8%d9%8a%d8%b9%d9%8a%d8%a9-%d9%81%d9%8a

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