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Surtourisme et préservation des galets à Étretat
Après avoir visionné un reportage sur l’impact du surtourisme dans la commune normande, des visiteurs ont décidé de renvoyer à une association locale quatre galets, espérant ainsi qu’ils retrouvent leur milieu d’origine, où ils jouent un rôle crucial dans la protection des falaises.
L’afflux constant de visiteurs à Étretat
À Étretat, les sentiers côtiers sont régulièrement envahis par des touristes qui souhaitent admirer les paysages ayant inspiré les grands peintres impressionnistes. Nombreux sont ceux qui, lors de leurs balades, choisissent d’emporter un souvenir en prenant des galets de la plage, située entre les falaises d’Aval et d’Amont. Ce geste, bien que semblant anodin, a des conséquences néfastes pour la conservation du littoral. C’est le message véhiculé par l’association de défense de la nature, Etretat demain, qui a récemment annoncé avoir reçu un colis insolite : quatre galets accompagnés d’un mot de la part de ces vacanciers. Ces derniers expliquent avoir visionné un reportage sur le surtourisme diffusé en mai sur France 5, dans l’émission _Sur le front_, animée par Hugo Clément. Après avoir emporté ces cailloux il y a neuf ans, ils souhaitent désormais les voir retourner sur la plage, où ils sont essentiels pour préserver les falaises et protéger le village des tempêtes.
Le rôle vital des galets
« Les galets jouent un rôle fondamental dans la protection des falaises et de notre village contre les vagues, surtout durant les tempêtes ; ils constituent une barrière naturelle », souligne Shaï Mallet, cofondatrice de l’association Etretat demain. Ces pierres polies réduisent l’intensité des vagues frappant le perrey, la digue d’Étretat, minimisant ainsi les risques de submersion marine, un phénomène que la ville a connu en 1990 et 2016, selon l’Office du tourisme. Ramasser des galets est donc interdit sous peine d’amende.
Cependant, avec 1,5 million de visiteurs par an, la plage continue d’être appauvrie de ses précieux galets. « Cela peut sembler insignifiant, mais si chaque personne prend ne serait-ce qu’un seul galet, la plage s’épuise peu à peu », avertit Shaï Mallet. Une association estimait qu’au cours de l’été 2019, entre 300 et 400 kilos de galets étaient prélevés chaque jour sur la plage.
Érosion et dégradation des milieux naturels
En plus de cette pression due aux visiteurs, de nombreux environnements similaires font face à une érosion progressive. Des scientifiques de l’Université de Bretagne occidentale et du CNRS ont analysé d’anciennes cartes du littoral breton, confronté aux mêmes dangers, constatant qu’environ 70 % des sites étudiés montrent des signes d’érosion sur la période récente (1930-2010).
La cause principale de cette dégradation est naturelle : les falaises ne s’érodent pas suffisamment pour produire des galets en quantité adéquate. Toutefois, l’homme, avec ses prélèvements massifs, a réduit le stock disponible dans les zones où ses activités sont concentrées depuis plusieurs décennies. Shaï Mallet a même filmé le processus de remise en liberté des quatre galets, dans l’espoir de sensibiliser le public à la préservation de cet écosystème fragile.