Table of Contents
Un suspect a été mis en examen et placé en détention provisoire après la découverte, le 13 août, de quatre corps en décomposition dans la Seine à Choisy‑le‑Roi (Val‑de‑Marne) ; l’enquête privilégie aujourd’hui la piste de meurtres homophobes Val-de-Marne, même si des zones d’ombre subsistent et que l’intéressé se tait devant les enquêteurs.
Enquête sur les meurtres homophobes Val-de-Marne : les éléments réunis par la brigade criminelle
La brigade criminelle de Paris a relié le principal suspect à chacune des quatre victimes, selon Le Parisien. L’individu, présenté dans un premier temps sous une fausse identité, a été enfin identifié ; contrairement à ce qu’il prétendait, il ne serait pas Ahmed Ben Ali mais Monji H., un Tunisien sans‑abri arrivé en France il y a trois ans et en situation irrégulière depuis huit mois, indiquent les articles de presse.
Son identité a été authentifiée après la découverte d’un document en langue arabe comportant sa photo dans le squat qu’il occupait, proche des lieux où les corps ont été repêchés, puis confirmée par un proche, selon Le Monde. Le mis en examen reste muet ; il a néanmoins été mis en examen dimanche pour « meurtres en concours » et placé en détention provisoire.
Les investigations conduisent vers la piste d’un mobile fondé sur l’orientation sexuelle présumée ou réelle des victimes. Plusieurs indices plaident en faveur d’un caractère homophobe : la zone des quais de Choisy est connue comme lieu de rencontres homosexuelles, et des constatations médico‑légales sur la victime la plus récente renforcent cette hypothèse.
Preuves matérielles et lien avec les victimes
La victime la plus récente est un Français de 48 ans, nommé Frantz et vivant à Créteil ; son homosexualité a été établie par les enquêteurs. Le soir de sa disparition, il se trouvait sur les quais de Choisy pour une rencontre sexuelle. Une trace d’ADN de Frantz a été retrouvée sur le pantalon du suspect, élément cité par Le Monde parmi les indices majeurs.
Les constatations médico‑légales indiquent que Frantz est décédé par strangulation, mode opératoire que le quotidien qualifie de susceptible de « traduire une pulsion sexuelle ». Des traces d’étranglement ont été observées aussi sur une autre victime et peut‑être sur une troisième, les autopsies étant cependant rendues difficiles par l’état de décomposition des corps.
Les enquêtes examinent également la relation possible entre la vie personnelle du suspect et ses actes : selon Le Monde, les investigations évoquent un conflit intérieur entre son orientation sexuelle et une pratique d’un islam rigoriste, sans qu’il soit pour l’instant possible d’en tirer une conclusion définitive.
Des liens accablants avec les premières victimes et contrôles policiers
Les enquêteurs ont établi des connexions précises avec les deux premières victimes, des personnes que le suspect fréquentait. Le premier disparu, Abdellah M., Algérien de 21 ans, aurait disparu le 26 juillet. En garde à vue, Monji H. aurait nié le connaître, alors que des photos de lui avec Abdellah ont été retrouvées dans le téléphone de la victime ; il aurait en outre utilisé la carte SIM d’Abdellah le lendemain de sa disparition.
La deuxième victime, Amir B., Tunisien de 26 ans, disparu le 31 juillet, connaissait bien le mis en examen : les deux hommes dormaient fréquemment dans le même squat. Le lendemain de la disparition d’Amir, Monji H. disposait de sa carte bancaire.
La troisième victime, Sami, habitant de Choisy‑le‑Roi, ne semblait pas connue du suspect. Le 5 août, au lendemain de la disparition de Sami, des policiers ont contrôlé le squat où vivait Monji H. et trouvé sur lui les téléphones d’Abdellah et de Sami, ainsi que des cartes bancaires. Placé en garde à vue pour recel, il a ensuite été remis en liberté avec une convocation pour ordonnance pénale.
Le 13 août, jour de la découverte des corps, Monji H. a de nouveau été contrôlé et placé en centre de rétention administrative en vue de son expulsion ; l’exploitation des images de vidéosurveillance et de la téléphonie a permis de le localiser et d’avancer l’enquête.
Qualification judiciaire : la notion de « meurtres en concours » et conséquences procédurales
Le parquet de Créteil a indiqué que le suspect avait été mis en examen pour « meurtre au préjudice des quatre victimes ». Les magistrats et les enquêteurs ont néanmoins utilisé la qualification de « meurtres en concours » en phase d’enquête, car il est apparu que les crimes n’auraient pas été commis dans un même laps de temps, mais constituent quatre homicides distincts.
« Il y a concours d’infractions lorsqu’une infraction est commise par une personne avant que celle‑ci ait été définitivement condamnée pour une autre infraction », explique le code pénal. Cette qualification offre aux enquêteurs des moyens procéduraux étendus, sous le contrôle du juge ou du procureur : possibilités accrues de surveillance, d’écoutes et de perquisitions, ainsi que des gardes à vue prolongées, jusqu’à 96 heures — délai qui a été appliqué dans cette enquête.
La notion de « concours » n’affectera en revanche pas de manière notable le quantum des peines en cas de condamnation : l’accusé encourt une peine par crime, mais celles‑ci ne sont pas additionnées selon les explications juridiques cités par la presse.
Silence du suspect et procédure en cours
Le mis en examen a nié les faits et s’est muré dans le silence. Me Antoine Ory, avocat du suspect, a déclaré : « Mon client a fait usage de son droit au silence lors de sa garde à vue et devant le magistrat instructeur. Il s’expliquera ultérieurement lors de l’information judiciaire ». Un premier examen psychiatrique a conclu que Monji H. n’avait « aucune pathologie pouvant conduire à l’abolition de son discernement », selon les informations disponibles.
Le mobile des quatre crimes ne peut être affirmé avec certitude à ce stade. Les enquêteurs s’efforcent notamment de comprendre pourquoi le suspect s’en est pris aux deux premières victimes, qualifiées de « copains de galère » qu’il fréquentait régulièrement, avant d’attaquer apparemment des inconnus.