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La société Biostructure va ouvrir sa première usine de production de panneaux en béton de chanvre et ossature bois, en 2026, à Châtel-Guyon dans le Puy-de-Dôme. Cette initiative permettra de produire 50 000 m² de panneaux biosourcés chaque année, destinés à la construction et à la rénovation de bâtiments. Parallèlement, une filière de production de chanvre pourrait émerger dans la région, avec des discussions en cours avec la coopérative Limagrain.
Une nouvelle usine durable
La région Auvergne-Rhône-Alpes n’avait pas encore de chanvrière, c’est-à-dire une usine de transformation du chanvre pour des usages variés, notamment dans le textile et la construction. Alors que la France vise une réduction de 60 % des émissions du secteur du bâtiment d’ici 2050, l’utilisation du chanvre dans de nouveaux matériaux de construction devient une priorité.
Dans le Puy-de-Dôme, cette future usine sera spécialisée dans la fabrication de panneaux en bois et en chanvre, qui seront à faible émission de carbone et biosourcés.
Une investissement significatif
Située à Châtel-Guyon, au sein de la communauté d’agglomération Riom Limagne et Volcans, l’usine de 3 500 m² devrait être opérationnelle à la fin du premier semestre 2026. Ce projet représente un investissement de 6,2 millions d’euros et devrait créer une cinquantaine d’emplois.
« L’objectif est de produire 50 000 m² de panneaux par an dès 2030, fabriqués à partir de bois et de chanvre biosourcés pour le marché du bâtiment », précise Eric Perrot, directeur du développement chez Biostructure. Ces panneaux seront conçus sur mesure et livrés directement sur les chantiers, ce qui devrait réduire les délais de construction de 30 % et minimiser les déchets.
Le chanvre, une matière d’avenir
Le choix du chanvre par Biostructure repose sur ses nombreuses qualités, notamment en matière d’isolation et de résistance au feu. « Dans nos panneaux, il remplacera tous les autres matériaux isolants », souligne Eric Perrot, co-fondateur de l’entreprise. Le mélange bois-chanvre présente une durée de vie estimée à 100 ans, et l’objectif est d’approvisionner des chantiers situés dans un rayon de 200 km pour limiter l’impact environnemental.
Développer une filière locale
Le bois utilisé proviendra des Monts du Forez, tandis que le chanvre sera initialement importé de Champagne. Cependant, Biostructure souhaite développer une filière locale dans le Puy-de-Dôme. Ce département a une riche histoire de culture du chanvre, notamment entre les XVIIe et XIXe siècles, principalement pour le textile et le papier.
« Nous avons des discussions avec le Département et la chambre d’agriculture. Cela pourrait remplacer la filière de la betterave, qui s’est éteinte avec la fermeture de la sucrerie du Bourdon », explique Eric Perrot.
Une demande en croissance
Relancer la production de chanvre en France revêt une importance stratégique, car la demande dans les secteurs du textile et de la construction ne cesse d’augmenter. « Il faudra multiplier par deux la production en cinq ans pour répondre aux besoins », affirme Nathalie Fichaux, directrice d’InterChanvre.
Bien que la France ait triplé ses surfaces de production de chanvre au cours de la dernière décennie, il reste encore un long chemin à parcourir pour retrouver les niveaux de production du XIXe siècle. La création d’une chanvrière dans le Puy-de-Dôme pourrait constituer une étape cruciale dans cette direction.