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Alors que les capacités de collecte de textiles usagés sont saturées, la filière mise sur le recyclage comme solution durable. Cependant, ces initiatives demeurent limitées face à l’ampleur du problème.
Une collecte en pleine augmentation
En 2023, plus de 268.000 tonnes de vêtements, chaussures et linges de maison usagés ont été collectées en France, soit 3,97 kilogrammes en moyenne par habitant, selon l’éco-organisme Refashion. Ces « montagnes de textiles », comme les qualifient les acteurs de la filière, sont en constante augmentation.
Malheureusement, seulement 8.000 tonnes de textiles usagés ont pu être recyclées cette même année, ce qui représente une multiplication par deux en cinq ans. Les professionnels annoncent une capacité de 119.000 tonnes à l’horizon 2028, grâce à de nouvelles unités en développement.
Près de 60 % de ces tissus sont valorisés vers la « seconde main », principalement par l’export. Cependant, cette voie s’est brutalement tarie ces derniers mois sous la pression d’acteurs concurrents comme la Chine.
État des lieux et enjeux du recyclage
Dans ce contexte, de nombreux acteurs de la collecte et du tri, notamment issus de l’Économie sociale et solidaire (ESS), se trouvent en péril. Il est crucial d’accélérer les capacités de recyclage en France. Actuellement, 22,6 % des matières récoltées sont recyclées, contre 10 % pour la réutilisation en chiffon d’essuyage et 8 % pour l’incinération.
Les volumes collectés devraient augmenter grâce aux obligations réglementaires nationales et européennes. En janvier 2025, l’obligation de tri « 8 flux » inclura également le textile.
Le tri, un point de compétitivité à améliorer
Le défi est significatif, malgré les avancées des deux dernières années. Sophie Cornou, responsable valorisation chez Refashion, souligne que « le recyclage a beaucoup moins d’impact environnemental que l’incinération ou l’enfouissement, il est à privilégier coûte que coûte ». Toutefois, cette industrie n’en est qu’à ses débuts en France.
Pour améliorer la compétitivité du recyclage, plusieurs freins techniques doivent être levés. Jusqu’à récemment, la France ne possédait aucun centre entièrement automatisé pour trier les textiles usagés par couleur ou matière, ce qui est essentiel pour garantir une homogénéité économiquement viable.
Un développement industriel en cours
Des avancées notables ont été réalisées avec la création de l’entreprise Nouvelles Fibres Textiles (NFT) à Amplepuis, dans le Rhône. En collaboration avec d’autres acteurs, ils ont investi cinq millions d’euros pour développer une unité capable de trier 1.000 tonnes de textile par an.
Pour 2026, NFT ambitionne de construire une usine avec une capacité de 20.000 tonnes et de dupliquer le concept dans d’autres zones en France. Cette ligne automatisée est conçue pour reconnaître la composition des vêtements et traiter les éléments durs, comme les boutons et les fermetures éclair.
De nouveaux projets émergent
D’autres initiatives se développent également. À Nîmes, une unité de valorisation est en projet sous la bannière Recycl’Occ. Des projets comme « Essaimons » à Châtellerault et Dagobaire à Toufflers bénéficient aussi du soutien de l’Ademe et de Refashion.
Concernant le processus d’effilochage, les unités actuelles se concentrent principalement sur la production d’isolants, mais peu d’entre elles parviennent à produire des fibres textiles de qualité suffisante pour les filatures.
Vers un avenir prometteur
Les filatures, bien que rares, se multiplient avec des projets comme celui de Textile de la Thiérache dans les Ardennes. Cependant, la diversité des matériaux rend la production de fil recyclé de qualité complexe. Nolwenn Touboulic, ingénieure à l’Ademe, affirme que « toute la filière de recyclage est en construction ou en phase de consolidation ». Les choses évoluent rapidement, et le recyclage textile pourrait connaître un essor significatif dans les années à venir.