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On le surnomme parfois le doudou des adultes, le doudou du XXIe siècle. Les smartphones ont envahi notre quotidien, souvent jusqu’à l’intimité des toilettes ou de la chambre à coucher. Cette omniprésence a conduit certains d’entre nous à une forme d’addiction, nous poussant à consulter constamment notre téléphone, parfois sans même y penser.
Des personnes moins à l’écoute de leur corps
Une étude récente publiée dans la revue Communications Psychology révèle que l’utilisation excessive du smartphone pourrait diminuer notre conscience intéroceptive, c’est-à-dire notre capacité à percevoir et à comprendre nos sensations internes. Selon les chercheurs, les individus présentant une forte attention envers les stimuli liés aux smartphones, comme les notifications ou messages, seraient moins sensibles à leurs signaux corporels et manifesteraient une réactivité physiologique accrue.
L’étude a réuni 58 jeunes adultes en bonne santé, leur demandant d’effectuer une tâche visuelle simple : repérer rapidement des lettres cibles sur un écran d’ordinateur. En arrière-plan, deux types d’images étaient affichés : des images de smartphones (par exemple, un écran affichant un appel entrant) et des images contrôles brouillées.
Yusuke Haruki, coauteur de l’étude, explique : « Pour évaluer si la distraction variait selon la difficulté de la tâche, nous avons modifié le nombre de lettres cibles apparaissant simultanément à l’écran, rendant la tâche plus simple ou plus complexe. »
Deux groupes distincts selon la distraction
Les participants ont été répartis en deux groupes selon leur niveau de distraction par les images de smartphones :
- Un groupe constamment distrait, indépendamment de la complexité de la tâche.
- Un groupe uniquement distrait lorsque la tâche était facile.
Après cette expérience, les scientifiques ont évalué la conscience corporelle des participants via des questionnaires et ont mesuré leur fréquence cardiaque. Ils ont constaté que le groupe facilement distrait par les images de smartphones présentait une fréquence cardiaque plus élevée en leur présence, signe d’une plus grande réactivité physiologique.
Un schéma similaire aux addictions comportementales
Yusuke Haruki souligne : « Les participants les plus distraits par les signaux des smartphones ont non seulement obtenu des résultats inférieurs à la tâche d’attention, mais ont également montré une accélération du rythme cardiaque lorsqu’ils étaient exposés à ces images. »
De plus, ces personnes ont rapporté une conscience intéroceptive plus faible, ce qui signifie qu’elles étaient moins sensibles aux signaux internes comme leur propre rythme cardiaque. Ce profil rappelle celui observé chez des individus souffrant de dépendances comportementales, telles que le jeu ou la consommation de substances.
Les chercheurs espèrent que cette étude contribuera à mieux comprendre les liens entre smartphone, attention et conscience corporelle, et prévoient désormais de s’intéresser aux mécanismes cérébraux impliqués lors de la distraction par smartphone. Leur objectif est de détecter précocement les signes d’addiction au smartphone, notamment chez les adolescents et les jeunes adultes.