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Un rapport onusien alerte que des niveaux élevés d’inégalités économiques rendent le monde plus vulnérable aux pandémies et alimentent une boucle dangereuse qui menace la santé publique et les économies.
Les experts soulignent que cette dynamique d’« inégalités et pandémies » s’auto-entretient : les crises sanitaires aggravent les disparités, et ces dernières accroissent ensuite l’impact et la durée des pandémies.
Le rapport et ses auteurs
Le document, préparé pour le Programme commun des Nations unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), résulte de deux années de recherches menées par le Conseil mondial sur l’inégalité, le sida et les épidémies.
Parmi les responsables de l’étude figurent des figures de premier plan : le lauréat du prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz, l’ancienne première dame de la Namibie Monica Geingos et l’épidémiologiste Michael Marmot.
Constats clés
Les auteurs attirent l’attention sur plusieurs conclusions principales, illustrant le lien entre inégalités et pandémies :
- Des disparités élevées à l’intérieur des pays et entre eux rendent les pandémies plus probables, plus meurtrières et plus longues.
- Les pandémies, à leur tour, accentuent les inégalités, créant une boucle auto-alimentée qui affaiblit la résilience des sociétés.
- Cette dynamique a été observée lors de crises sanitaires mondiales comme la pandémie de COVID-19, le sida, Ebola, la grippe et l’hépatite.
- Depuis le début de la pandémie de COVID-19, 165 millions de personnes sont retombées dans la pauvreté, tandis que la richesse des plus riches a augmenté de plus d’un quart.
Pourquoi la boucle persiste
Les experts indiquent que l’échec à traiter les déterminants sociaux et les inégalités fondamentales depuis la crise du COVID-19 a laissé le monde très exposé à de nouvelles pandémies imprévues.
Selon les auteurs, des choix politiques et économiques inadaptés peuvent aggraver la situation en réduisant les ressources dédiées à la santé, à l’éducation et à la protection sociale.
Recommandations pour briser la dynamique
Le rapport formule des propositions concrètes pour renforcer la préparation et mettre fin à la boucle entre inégalités et pandémies :
- Renforcer les filets de sécurité sociale nationaux pour protéger les populations vulnérables avant et pendant les crises sanitaires.
- Traiter les déséquilibres économiques mondiaux, notamment par la restructuration des dettes des pays en développement, afin de restaurer leur capacité d’investissement public.
- Permettre à tous les pays d’avoir la marge financière nécessaire pour investir dans la sécurité sanitaire et les systèmes de santé.
- Assurer un accès équitable aux traitements et aux technologies de santé, dont une levée immédiate des droits de propriété intellectuelle à l’échelle mondiale dès la déclaration d’une pandémie.
Ces mesures visent à renforcer la résilience collective et à réduire les inégalités structurelles qui nourrissent les pandémies.
Témoignages des experts
Monica Geingos a déclaré que l’inégalité est « un choix politique » et qu’il s’agit d’un risque pour la santé de tous.
Joseph Stiglitz a insisté sur le fait que les pandémies ne sont pas seulement des crises sanitaires mais aussi des crises économiques. Il a averti que des politiques d’austérité et des hausses du coût du service de la dette affaiblissent les services publics essentiels et augmentent la vulnérabilité aux pandémies.
Suite attendue
Le rapport sera présenté par Joseph Stiglitz aux dirigeants du G20 lors du sommet de Johannesburg prévu fin novembre. Les auteurs espèrent que leurs recommandations seront prises en compte pour renforcer la coordination mondiale face aux futures pandémies.
À court et moyen terme, les propositions mettent l’accent sur la nécessité d’un engagement politique et financier pour rompre la boucle entre inégalités et pandémies et protéger la santé publique à l’échelle mondiale.