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Le Canada a vu sa position reculer de 20 places en seulement quatre ans en ce qui concerne la santé des femmes, se retrouvant désormais au 63e rang sur 142 pays selon l’Indice mondial Hologic de la santé des femmes. Cette étude se base sur des entretiens réalisés auprès de participantes dans le monde entier.
Un recul préoccupant face aux États-Unis
Malgré l’absence d’un régime public d’assurance maladie universelle chez ses voisins du Sud, les États-Unis surpassent le Canada, particulièrement dans le domaine des soins préventifs. Les Américaines se classent à la 6e place mondiale, tandis que le Canada se situe à la 70e position. Au total, le Canada obtient un score de 55 sur 100, proche de la moyenne du G20 qui est de 53.
Les statistiques révèlent que seulement 15 % des femmes canadiennes déclarent avoir effectué un test de dépistage pour le cancer du sein ou du col de l’utérus, comparé à 25 % aux États-Unis. Isabelle Fortier, directrice canadienne des relations gouvernementales chez Hologic, s’alarme : « C’est choquant car ces cancers augmentent, notamment le cancer du col de l’utérus qui croît de 3,7 % au Canada, un phénomène jamais observé depuis 1984. »
Des taux de dépistage insuffisants au Canada
Les données montrent également que 36 % des femmes ont été testées pour l’hypertension au cours de la dernière année, 24 % pour le diabète, et seulement 12 % ont subi un dépistage des infections sexuellement transmissibles (IST).
Selon Mme Fortier, l’avance américaine s’explique notamment par un accès plus direct aux ressources de santé. « Le système canadien, bien que universel, présente d’importantes disparités, notamment dans les régions éloignées. Plus de 6,5 millions de Canadiens n’ont pas de médecin de famille », souligne-t-elle.
Les investissements américains en prévention
Les États-Unis ont mis en place de nombreux programmes de sensibilisation et encouragent activement le dépistage régulier. Mme Fortier cite en exemple le programme National Breast and Cervical Cancer Early Detection qui offre des services gratuits ou à faible coût pour le dépistage.
Le Canada dispose aussi de programmes efficaces, notamment au Québec où toutes les femmes âgées de 50 à 74 ans ont accès à une mammographie dans le cadre du Programme québécois de dépistage du cancer du sein. L’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) étudie actuellement la possibilité d’abaisser l’âge recommandé à 40 ans.
Élargir la première ligne et renforcer l’éducation
Pour améliorer les résultats canadiens, Isabelle Fortier plaide pour une approche plus proactive. « Au Québec, on envoie une lettre pour inviter les femmes à se faire dépister, mais il manque une base de données permettant de cibler celles qui ne participent pas », explique-t-elle. Actuellement, environ 63 % des Québécoises bénéficient de la mammographie offerte dans le cadre du programme provincial.
Le dépistage du cancer du col de l’utérus, totalement curable s’il est détecté tôt, fait face à des défis similaires. « Les États-Unis intègrent dans leurs systèmes de santé des rappels de dépistage, chose encore absente dans plusieurs provinces canadiennes, dont le Québec », précise Mme Fortier.
Importance de l’éducation dès le plus jeune âge
Elle insiste sur la nécessité d’éduquer les filles et jeunes femmes dès l’école, en abordant le suivi médical lié à la contraception, aux vaccins et au dépistage tout au long de leur vie. « La prévention ne commence pas à 50 ans, mais dès 15 ans, au début des relations sexuelles », rappelle-t-elle.
Enfin, Mme Fortier souligne que l’accès à la première ligne de soins dépend fortement des médecins de famille. Même si des avancées notables sont réalisées, notamment via les infirmières praticiennes spécialisées (IPS), elle souhaite une implication accrue de divers professionnels de santé pour mieux accompagner la santé féminine.