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Vous ressentez une tension ou une contracture spasmodique douloureuse au niveau de l’anus ? Il s’agit peut-être d’un ténesme rectal, un symptôme à ne pas prendre à la légère, surtout s’il s’accompagne d’autres signes comme des pertes de glaires par l’anus, du sang dans les selles, des douleurs abdominales, une perte de poids ou de la fièvre.
Définition : que veut dire ténesme ?
Le ténesme n’est pas une maladie mais un symptôme qui peut être associé à plusieurs pathologies. « C’est une des manifestations du syndrome rectal qui regroupe le ténesme, les épreintes et les faux besoins défécatoires », explique le Pr Aurélien Venara, chirurgien digestif.
On distingue deux formes de ténesme :
- le ténesme rectal, associé à des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) comme la colite ulcéreuse ou la maladie de Crohn ;
- le ténesme vésical, qui se traduit par une douleur et un besoin pressant d’uriner, le plus souvent lié à des infections urinaires ou des inflammations de la vessie.
Douleur, fausse envie d’aller à la selle : par quoi se traduit un ténesme ? Quels sont les symptômes ?
Le ténesme se traduit par une sensation douloureuse et persistante d’aller à la selle, même lorsque le rectum est vide. « Cette gêne au niveau périnéal témoigne généralement d’une inflammation du rectum ou de la vessie », explique le Pr Venara.
Quelle est la différence entre épreintes et ténesme ?
L’épreinte et le ténesme sont deux termes relativement proches. « L’épreinte est une douleur abdominale violente accompagnée d’une sensation de brûlure et d’envie d’aller à la selle », précise le spécialiste. « Tandis que le ténesme désigne une tension ou une contracture spasmodique douloureuse au niveau de l’anus ou de la partie basse de la vessie, qui peut ou non se terminer par des exonérations. »
Cancer, maladie inflammatoire chronique de l’intestin : quelles sont les causes d’un ténesme rectal ?
Le ténesme est un symptôme pouvant être associé à plusieurs pathologies d’origine inflammatoire, infectieuse ou cancéreuse.
Les causes inflammatoires
Le ténesme se rencontre dans les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), notamment la rectocolite hémorragique et la maladie de Crohn.
Les causes infectieuses
Un ténesme peut également se manifester dans le cadre d’infections gastro-intestinales (gastro-entérite, syndrome dysentérique…) ou d’infections sexuellement transmissibles (chlamydia, gonocoque, syphilis…).
Les causes cancéreuses
Il est possible qu’une masse (tumeur) dans le rectum entraîne une irritation et une sensation de vidange incomplète.
Les causes musculaires
Le ténesme est aussi parfois en lien avec de simples tensions musculaires dans la région périnéale, comme le syndrome des muscles releveurs : une douleur sporadique dans le rectum causée par un spasme du muscle à proximité de l’anus (muscle releveur de l’anus) ou encore la proctalgie fugace, décrite comme une sensation de crampe au niveau du canal anal ou du bas rectum.
« Enfin, cette tension douloureuse peut être liée à un prolapsus rectal, » complète le spécialiste. « Quand le rectum s’invagine à l’intérieur de lui-même, cela peut engendrer des phénomènes d’ischémie, c’est-à-dire une mauvaise vascularisation qui favorise l’apparition d’ulcères et se traduit par une symptomatologie douloureuse. C’est ce qu’on appelle l’ulcère solitaire du rectum. »
Et d’insister : « Des douleurs au niveau du rectum et de l’anus qui reviennent régulièrement ou qui ne passent pas nécessitent une consultation médicale. »
Ténesme : comment poser le diagnostic ?
Le diagnostic repose principalement sur l’interrogatoire du patient et l’examen clinique. « Dans un premier temps, on procède à un examen externe de l’anus, puis à un toucher rectal et une anuscopie. L’objectif est d’éliminer un cancer colorectal. On vérifie aussi s’il n’y a pas une cause évidente expliquant ces douleurs : par exemple, une fissure anale, une infection du rectum (rectite) ou encore un fécalome chez les personnes qui connaissent des troubles fonctionnels de l’intestin, » confie le spécialiste. « Les causes inflammatoires et infectieuses sont assez similaires d’expression : on retrouve généralement un rectum rouge qui secrète un liquide blanchâtre ou purulent. »
L’examen se complétera si nécessaire d’un prélèvement bactériologique et d’une rectosigmoïdoscopie afin d’explorer le rectum et le côlon sigmoïde.
Ténesme : quel est le traitement ? Comment le soigner ?
Le traitement dépend de la cause du ténesme. « Si c’est la manifestation d’une pathologie infectieuse – par exemple une infection sexuellement transmissible – on prescrira un traitement antibiotique, » détaille le Pr Venara. « En cas de maladie inflammatoire chronique de l’intestin, comme la maladie de Crohn, on traitera, entre autres, par des corticoïdes. »
Dans le syndrome des muscles releveurs de l’anus, la kinésithérapie et les bains de siège peuvent s’avérer efficaces.
Enfin, la prise en charge d’un cancer colorectal repose, selon son évolution, sur la radiothérapie, la chimiothérapie et la chirurgie.
Ténesme : peut-on le prévenir ?
Il est possible de prévenir le ténesme d’origine mécanique en normalisant le transit intestinal et en adoptant des mesures hygiéno-diététiques simples :
- Bien s’hydrater ;
- Adopter une alimentation suffisamment riche en fibres ;
- Aller aux toilettes dès que l’envie se présente ;
- Ne pas se retenir ;
- Utiliser un petit marchepied pour verticaliser le rectum et faciliter l’exonération des selles ;
- Avoir recours aux suppositoires à la glycérine si besoin.