Table of Contents
Les oméga-6, des graisses essentielles mais à consommer avec modération
Les oméga-6, en particulier l’acide linoléique, sont des acides gras dits « essentiels », indispensables au bon fonctionnement de notre organisme. Ne pouvant pas être synthétisés par le corps, ils doivent être apportés par l’alimentation. On les trouve dans de nombreuses huiles végétales, les œufs, les noix, les graines, ainsi que dans le tofu. Ces graisses jouent un rôle crucial dans plusieurs fonctions biologiques, notamment la croissance, la santé osseuse et le fonctionnement cérébral.
Cependant, leur consommation excessive peut poser problème. Depuis les années 1950, la consommation d’oméga-6 a considérablement augmenté dans les pays occidentaux, notamment à cause de la prolifération des produits ultra-transformés riches en huiles végétales. Ce déséquilibre s’accompagne d’une faible consommation d’oméga-3, reconnus pour leurs vertus anti-inflammatoires et protectrices, notamment pour le cœur, les yeux et le cerveau.
Un lien entre l’acide linoléique et le cancer du sein triple négatif
Une étude récente réalisée par des chercheurs de Weill Cornell Medicine met en lumière un lien direct entre un excès d’acide linoléique et la progression d’un type agressif de cancer du sein : le cancer triple négatif. Ce sous-type représente environ 15 % des cas et se caractérise par une résistance aux traitements hormonaux classiques, ce qui rend son traitement complexe.
Chez des souris nourries avec un régime riche en acide linoléique, notamment via l’huile de carthame, les tumeurs se sont développées plus rapidement. « Nous savons maintenant que l’acide linoléique stimule la croissance des cellules cancéreuses de manière très spécifique », explique le docteur John Blenis, principal auteur de l’étude.
Le mécanisme cellulaire favorisant la croissance tumorale
Les chercheurs ont identifié un mécanisme précis impliquant une protéine appelée FABP5, présente en grande quantité dans les tumeurs triple négatives. Cette protéine transporte l’acide linoléique vers une voie de signalisation cellulaire nommée mTORC1, qui agit comme un « centre de contrôle » pour la cellule, déterminant sa division, sa croissance et sa production de protéines.
En présence d’une forte concentration d’acide linoléique, mTORC1 est suractivée, favorisant ainsi la croissance tumorale. Ce phénomène spécifique aux tumeurs triple négatives ouvre la voie à une meilleure compréhension du lien entre alimentation et cancer.
Vers une alimentation personnalisée selon le type de cancer
Cette découverte majeure est la première à démontrer un lien biologique direct entre un aliment courant et la progression d’un cancer spécifique. Elle ouvre la possibilité d’élaborer des recommandations nutritionnelles adaptées non seulement au type de cancer, mais également à chaque patiente.
Un espoir considérable pour les femmes atteintes de cancer du sein triple négatif, qui manquent aujourd’hui de thérapies ciblées efficaces. Le docteur Nikos Koundouros, premier auteur de l’étude, ajoute que la signalisation FABP5-mTORC1 pourrait également jouer un rôle dans d’autres cancers ou maladies chroniques comme l’obésité ou le diabète.