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Chaque été, des enfants sont tragiquement oubliés dans les voitures de leurs parents, souvent avec des conséquences fatales. Ce phénomène soulève des interrogations : comment ces oublis se produisent-ils ? Quelle est l’origine de ces accidents ? Et quelles solutions peuvent être mises en place pour éviter ces drames ?
Un phénomène tragique et récurrent
La situation est devenue tristement courante. Un parent gare sa voiture, convaincu d’avoir déposé son enfant à la crèche ou chez une nourrice. Il part vaquer à ses occupations, ne réalisant que plusieurs heures plus tard, souvent trop tard, qu’un terrible oubli a eu lieu : l’enfant est resté enfermé dans la voiture, exposé à la chaleur excessive.
Les températures à l’intérieur d’un véhicule peuvent monter en flèche de manière alarmante. Une étude du Journal of Pediatrics a révélé que, en seulement 10 minutes, la température intérieure peut augmenter de plus de 10 °C. Au bout de 30 minutes, même si l’air extérieur n’est qu’à 22 °C, la chaleur dans l’habitacle peut atteindre des niveaux mortels.
Aux États-Unis, plus de 1 000 décès d’enfants dus à l’exposition à la chaleur dans un véhicule ont été enregistrés depuis 1990, selon une base de données de l’organisation Kids and Car Safety. En France, bien qu’il n’existe pas de statistiques officielles, les faits divers relatifs à de tels accidents se multiplient chaque année, avec des cas tragiques signalés à Saint-Nazaire en 2022, en Belgique en 2023, en Alsace en 2024, et récemment dans les Bouches-du-Rhône.
Le cerveau en mode « pilote automatique »
Comment ces oublis peuvent-ils survenir, malgré l’affection que portent les parents à leurs enfants ? Plusieurs chercheurs en psychologie et neurosciences se sont penchés sur ce phénomène. Le neuroscientifique David Diamond, professeur à l’Université de Floride du Sud, explique qu’un tel oubli résulte d’une lutte entre la mémoire habituelle, qui gère les routines, et la mémoire prospective, celle qui nous rappelle des tâches futures inhabituelles.
Lorsque la routine prend le pas, notamment en période de stress, de fatigue ou de distraction, le cerveau peut « effacer » une tâche pourtant cruciale. Un parent peut ainsi penser avoir accompli une action qu’il n’a finalement pas réalisée.
Ces drames touchent des parents de tous horizons. Diamond souligne que ces oublis concernent souvent des « parents instruits, aimants, très impliqués dans la vie de leur enfant ». Ils se produisent fréquemment lors de changements de routine, par exemple lorsque le parent qui dépose l’enfant n’est pas celui qui a l’habitude de le faire, ou après une nuit blanche.
Dans une interview accordée à NBC News, Diamond a expliqué que lorsque le cerveau fonctionne en mode automatique, il peut complètement désactiver la mémoire de tâches essentielles. Le parent ne se rend même pas compte qu’il a oublié ; il est convaincu d’avoir déposé l’enfant.
Lors d’un témoignage devant le Congrès américain en 2017, il a précisé que « ces parents ne sont ni négligents, ni irresponsables. Ce sont des victimes d’un bug de la mémoire, universel, prévisible, et évitable. »
Des outils de prévention existent
Les spécialistes s’accordent à dire que ces oublis tragiques peuvent être évités, à condition d’accepter qu’ils peuvent arriver à n’importe qui. Pour réduire le risque, la NHTSA (National Highway Traffic Safety Administration) aux États-Unis recommande plusieurs gestes simples :
- Placer un objet indispensable (sac à main, téléphone, chaussure) sur la banquette arrière à côté de l’enfant.
- Programmer une alerte téléphonique quotidienne.
- Demander à la crèche d’appeler immédiatement en cas d’absence inexpliquée de l’enfant.
Depuis 2017, certains constructeurs automobiles, comme General Motors, ont intégré un système de rappel sonore lorsque la portière arrière est ouverte au départ. En Italie, une loi entrée en vigueur en 2020 impose l’installation d’un dispositif d’alerte dans les sièges auto pour les enfants de moins de 4 ans. En France, ces équipements restent pour l’instant facultatifs.