Home ActualitéAgriculture Loi Duplomb : controverses et enjeux d’une réintroduction pesticide

Loi Duplomb : controverses et enjeux d’une réintroduction pesticide

by charles
Agriculture. Vers une adoption définitive ? La loi Duplomb à l’épreuve de l’Assemblée nationale
France, Union Européenne

Débat houleux autour de la loi Duplomb : la réintroduction controversée d’un pesticide

La loi agricole Duplomb, adoptée définitivement ce mardi 8 juillet par l’Assemblée nationale, il y a suscité de vifs débats politiques et environnementaux. Ce texte, initié par les sénateurs Laurent Duplomb (LR) et Franck Menonville (UDI), marque une étape majeure dans la définition des politiques agricoles françaises, en intégrant notamment la réintroduction, à titre dérogatoire et sous conditions, du pesticide néonicotinoïde appelé acétamipride.

Ce produit, interdit en France depuis 2023 en raison de ses effets néfastes sur la biodiversité, notamment sur les abeilles, reste autorisé dans le reste de l’Union européenne jusqu’en 2033. La mesure proposée vise à répondre aux revendications du monde agricole, en particulier celles de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs, qui dénoncent un manque d’outils pour lutter contre les ravageurs et subissent une concurrence jugée déloyale dans l’Union. Selon le texte, la réintroduction sera oscillante avec une surveillance renforcée : un contrôle sera effectué trois ans après la reprise, et cette périodicité doit permettre de s’assurer du maintien de critères d’autorisation stricts.

L'Assemblée nationale lors du vote de la loi Duplomb

Les discussions à l’Assemblée ont été particulièrement animées. La gauche et plusieurs groupes écologistes ont dénoncé un recul environnemental majeur, qualifiant la loi de « trumpiste » et mettant en garde contre ses implications pour la santé publique et la biodiversité. La députée écologiste Delphine Batho a par exemple souligné que ce vote favorisait l’empoisonnement des générations futures. La présidente des écologistes, Marine Tondelier, a quant à elle accusé le gouvernement de faire le choix de l’importation de pesticides mortifères, au détriment de la santé des citoyens et de l’écosystème.

De leur côté, les élus de la majorité, soutenus notamment par la ministre de l’Agriculture Annie Genevard, ont défendu cette mesure comme étant un « équilibre » nécessaire pour préserver la compétitivité des exploitations françaises et rassurer les agriculteurs confrontés à une situation de plus en plus difficile. La mesure de réintroduction a été présentée comme une « étape essentielle » pour relancer la souveraineté alimentaire en France, tout en modernisant la filière agricole. Le texte prévoit aussi d’autres mesures pour favoriser la gestion de l’eau, l’agrandissement et la construction de bâtiments d’élevage, dans un contexte de changement climatique.

Manifestations et oppositions

Au-delà du vote parlementaire, le projet a déclenché une vague de mobilisation dans la rue. Des agriculteurs, membres d’associations écologistes ou encore syndicalistes, se sont rassemblés devant l’Assemblée nationale pour exprimer leur désaccord, brandissant des banderoles et dénonçant une loi « mortifère » pour l’environnement et la santé publique. La Confédération paysanne, à l’origine d’une forte mobilisation, a lancé un appel à la vigilance en mettant en garde contre un texte qui favoriserait la privatisation des ressources en eau et la mise en place d’une agriculture intensive déconnectée des enjeux écologiques.

Manifestation contre la loi Duplomb devant l'Assemblée nationale

Les enjeux liés à la santé des populations, notamment ceux liés à l’exposition aux pesticides, ont également été mis en avant lors de cette mobilisation. Plusieurs médecins et responsables associatifs ont appelé à une vigilance accrue sur les effets à long terme de ces substances, dont l’impact sur le cancer chez l’humain reste encore mal connu mais inquiétant pour certains spécialistes.

Perspectives et enjeux futurs

Malgré l’adoption de cette loi, sa mise en œuvre concrète demeure un défi crucial. Les acteurs du secteur agricole et environnemental s’accordent à dire que les prochains mois seront déterminants pour observer si les objectifs fixés seront réellement atteints. La confiance des citoyens, des écologistes et des agriculteurs dans cette nouvelle étape du cadre législatif dépendra en partie de la capacité à équilibrer développement économique et respect de l’environnement.

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