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Le tribunal correctionnel de Paris a condamné, mardi 30 septembre, plusieurs membres du groupe ultradroite AFO pour association de malfaiteurs à caractère terroriste, après des réunions où ils se préparaient « à l’affrontement avec la communauté musulmane » ; la décision illustre une condamnation ciblée pour des projets visant la communauté musulmane en France.
Paris : peines prononcées et profils des condamnés le 30 septembre
Six hommes, âgés de 39 à 76 ans, ont été condamnés à deux ans d’emprisonnement ferme pour avoir fomenté des actes dirigés contre la communauté musulmane. Le tribunal a précisé que ces peines devront être effectuées à domicile sous bracelet électronique pour les condamnés concernés. Parmi eux figurent Guy Sibra, 72 ans, présenté comme le fondateur d’AFO, Bernard Sorel, 76 ans, identifié comme le chef de la cellule Île‑de‑France, et Daniel Raimbault, 39 ans, ancien militaire recruté pour ses connaissances en explosifs.
Le tribunal correctionnel a par ailleurs prononcé une peine d’un an de prison ferme et cinq peines de prison assorties du sursis contre six autres prévenus, dont trois femmes. Quatre personnes ont été relaxées de l’accusation d’association de malfaiteurs terroriste ; toutefois, trois d’entre elles devront s’acquitter d’amendes pour détention illicite d’armes.
Projets visés par l’enquête et extraits de l’ordonnance antiterroriste
La juge antiterroriste qui avait ordonné le renvoi en procès évoquait une « organisation hiérarchisée et structurée » planifiant des « actions violentes concrètes dans des lieux symboliques ». L’ordonnance cite des projets datant de 2017 et 2018, parfois à l’état de déclarations : « Tuer 200 imams radicalisés », viser le rappeur Médine ou le prédicateur Tariq Ramadan, jeter des grenades dans « les voitures des Arabes » ou encore « faire exploser une couscoussière à distance ».
Un document de la cellule francilienne d’AFO mentionnait le projet de faire « exploser » la porte d’une mosquée de Clichy‑la‑Garenne (Hauts‑de‑Seine) et de positionner des « tireurs à longue distance ». L’ordonnance évoquait aussi la possibilité d’utiliser des niqabs pour dissimuler des femmes afin d’empoisonner de la nourriture halal en supermarché avec un composant de la mort‑aux‑rats.
« Vous êtes tombés dans le piège du terrorisme en répondant à la terreur par la terreur », a déclaré le président aux condamnés.
Idéologie, profils et moyens retrouvés lors des perquisitions
Le Parquet national antiterroriste avait rapproché AFO d’une « idéologie alimentée par l’assimilation du terrorisme djihadiste à l’islam en général, la crainte du grand remplacement et une vision décliniste de la société française à laquelle répondait le survivalisme déviant vers l’accélérationnisme ». Nombre des mis en cause, nés entre 1949 et 1986, ont un passé militaire ou ont exprimé un attrait pour l’armée.
Parmi les professions déclarées de ces personnes figurent un antiquaire, un téléopérateur de nuit pour les taxis G7, un consultant en ressources humaines, un restaurateur, un artisan, une comptable, un chômeur et un enseignant en lycée. Les membres les plus radicaux utilisaient des pseudonymes comme « Phoenix », « Attila », « Flamme » ou « Richelieu ». Des armes à feu et des milliers de munitions avaient été saisies lors des perquisitions menées dans le cadre de l’enquête.
Contexte : hausse des actes antimusulmans en 2025 selon le ministère de l’Intérieur
Le procès, qui s’est tenu il y a trois mois, intervient dans un contexte d’augmentation des actes antimusulmans en France. Entre janvier et mai 2025, ces actes ont crû de 75 % par rapport à la même période en 2024, passant de 83 à 145. Les atteintes aux personnes ont connu une hausse spectaculaire de 209 %, passant de 32 à 99, selon les chiffres fournis par le ministère de l’Intérieur.
Les autorités judiciaires et policières ont souligné, au fil de l’instruction et lors du procès, la dangerosité des projets exposés et la volonté de certains membres du groupe ultradroite AFO d’organiser des actions violentes ciblées contre des personnes et des lieux symboliques.