Home Loisirs et divertissementsCulture Séville au XVIIe siècle, entre danger et splendeur selon Jon Echanove

Séville au XVIIe siècle, entre danger et splendeur selon Jon Echanove

by Sara
Séville au XVIIe siècle, entre danger et splendeur selon Jon Echanove
Espagne

Jon Echanove, consultant de profession et écrivain de vocation, offre un portrait fascinant de Séville au XVIIe siècle à travers son roman « El aprendiz » publié chez Ediciones B. Ce récit mêle picaresque, aventure et dénonciation sociale, retraçant la vie d’un orphelin surnommé Lagartija qui grandit dans le quartier de Triana avant de croiser le chemin d’Hendrick van Belle, un marchand flamand. La ville, alors centre névralgique du commerce avec les Indes, dévoile ses contrastes entre splendeur et danger.

Portrait de Jon Echanove, auteur de la Séville du XVIIe siècle

Une immersion dans le commerce et la société sévillane du XVIIe siècle

Jon Echanove souhaitait écrire une œuvre centrée sur les marchands, domaine qu’il connaît bien grâce à son expérience dans le commerce international. Il déplore le manque de récits sur la vie des commerçants dans l’Espagne impériale, notamment à Séville où se trouvait la Casa de la Contratación, organisme chargé du commerce avec les Indes.

La dimension picaresque du roman est essentielle : elle illustre non seulement les péripéties du jeune Lagartija mais aussi les inégalités sociales criantes de cette époque. Tandis que les marchands, ecclésiastiques et nobles jouissent d’un niveau de vie élevé, une large partie de la population, souvent constituée d’orphelins et de marginaux, survit dans la pauvreté.

Un roman d’apprentissage avec une organisation commerciale hors pair

« El aprendiz » combine récit initiatique et critique sociale. Echanove souligne l’efficacité remarquable du commerce transatlantique au XVIIe siècle : sur cent navires partis pour l’Amérique, 95 revenaient, grâce à un système de flottes bien organisé reposant sur le galion, qui domina la navigation pendant un siècle et demi.

Le commerce n’était pas un pari risqué, mais une entreprise structurée, avec des investissements réfléchis et sécurisés. Cette précision historique offre au lecteur un aperçu inédit des mécanismes commerciaux en place à Séville, ville à la fois dangereuse et fascinante.

Entre aventure et psychologie des personnages

La narration privilégie un rythme soutenu et divertissant, tout en explorant la maturation psychologique du protagoniste. Lagartija, enfant abandonné, incarne l’innocence et la volonté de s’élever par nécessité. À travers son regard, Echanove dépeint les rapports de pouvoir sans jugement anachronique, évitant que le héros soit un critique permanent du système.

En opposition, Hendrick van Belle représente un personnage plus sombre et tourmenté, offrant au jeune orphelin une voie vers un avenir meilleur, mais à un coût élevé. Ce contraste approfondit la complexité sociale et humaine de cette Séville du XVIIe siècle.

Une ville multiculturelle et un monde en mutation

Séville, alors monopole commercial de la couronne espagnole, était une cité cosmopolite où cohabitaient Flamands, Français, Allemands et autres communautés. Ces groupes participaient activement au commerce avec les Indes, parfois via des pratiques de corruption pour organiser les expéditions.

Malgré les dangers, la ville devait être spectaculaire. Un historien compare les galions à ce que représente aujourd’hui une navette spatiale, soulignant l’émerveillement suscité par leur arrivée dans ce port multiracial. La discrimination raciale, telle qu’elle sera instaurée plus tard pendant la traite des esclaves aux XVIIe et XVIIIe siècles, n’était pas encore un facteur prédominant à cette époque.

Un style dynamique et une écriture discrète sur la documentation historique

Jon Echanove insiste sur l’importance d’un style fluide, évitant l’accumulation de données historiques qui alourdirait le récit. Pour lui, la documentation doit s’intégrer naturellement à l’intrigue, sans jamais la dominer, afin d’inciter le lecteur à la curiosité plutôt qu’à la saturation d’informations.

Les personnages sont conçus pour être crédibles et cohérents avec leur temps, sans comportements extrêmes ni anachronismes, rendant la vie quotidienne du XVIIe siècle tangible et vivante.

Sources d’inspiration picturale et projets futurs

Les toiles de Velázquez et surtout de Murillo ont inspiré Echanove dans la reconstitution visuelle de la Séville du XVIIe siècle. Les scènes d’orphelins peintes par Murillo révèlent la pauvreté et les habits des classes populaires de l’époque, offrant un complément précieux aux recherches historiques.

L’auteur prépare actuellement une suite à « El aprendiz », explorant cette fois le commerce vers l’Asie, un continent encore peu connu du public espagnol mais crucial pour l’Empire. Le récit continuera à suivre Lagartija dans sa maturité, au cœur des réseaux commerciaux millénaires du sud-est asiatique, en contraste avec la nouveauté absolue du commerce colonial américain.

Séville Xviie Siècle | Jon Echanove | El Aprendiz | Roman Historique | Picaresque | Commerce Espagnol | Histoire De Séville | Littérature Espagnole | Aventure | Société | Espagne
source:https://www.abc.es/sevilla/cultura/jon-echanove-sevilla-era-ciudad-peligrosa-vivir-20250428233402-nts.html

You may also like

Leave a Comment

Droits d’auteur © 2024 – onemedia.fr – Tous droits réservés