Versailles : Restauration spectaculaire du plus grand jardin à la française d’Europe

Versailles : restauration du jardin à la française imaginé par Le Nôtre

Situé juste derrière le château et dominant l’Orangerie, le parterre du Midi a fait l’objet d’une remise en état complète qui combine fouilles, études historiques et travaux paysagers. La restauration vise à restituer la composition géométrique et ornementale définie au XVIIe siècle, en s’appuyant sur des documents d’époque et des observations de terrain.

« Ces fouilles préventives ont permis de corroborer les deux études commandées en 2012 à Pierre‑André Lablaude (NDLR : architecte en chef des monuments historiques au château de Versailles de 1990 à 2016), explique Pierre Bortolussi, architecte en chef des Monuments historiques. Décapage après décapage, on a fini par retrouver toutes les fosses de plantation du XVIIe siècle. À l’appui de ces découvertes, on a pu adosser une esquisse de dessin de 1687, exposée au musée national de Stockholm (Suède), qui, à quelques centimètres près, collait parfaitement aux trouvailles archéologiques qu’on a faites ici. »

Fouilles, découvertes et restitution du tracé XVIIe siècle

Les archéologues de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) ont identifié et relevé les fosses de plantation d’origine, ce qui a permis de superposer les données aux dessins anciens et de valider la restitution. L’esquisse de 1687, conservée au musée national de Stockholm, s’est révélée étonnamment fidèle aux traces mises au jour, parfois au centimètre près.

L’histoire documentée du parterre remonte à 1664, lors de la construction de la première orangerie par Le Vau, plus réduite qu’aujourd’hui. En 1684, le dessin de Le Nôtre aboutit à une forme quasi définitive : deux grands parterres subdivisés en quatre compartiments. Ce plan perdure jusqu’à la Révolution, avant une période de dégradation progressive qui transformera le lieu au XXe siècle en quasi‑jardin public. Ce n’est qu’en 1937 qu’une restitution avec ornement de buis est réalisée.

Chiffres du chantier et entretien quotidien

Les travaux, lancés en janvier 2024, ont couvert 1,4 ha de jardin. Le chantier a mobilisé des quantités importantes de matériaux et de végétaux : 3,5 km de buis, 1,5 km de réseau d’arrosage et 4 km de voliges pour délimiter et redessiner les bordures. Ces éléments témoignent de l’ampleur et de la précision nécessaires pour retrouver les motifs de la composition originale.

Le coût total de la restauration s’élève à 2,8 millions d’euros, financés en partie par les conseils départementaux des Yvelines et des Hauts‑de‑Seine. Pour assurer la pérennité du parterre, cinq jardiniers sont désormais affectés à son entretien quotidien afin d’éviter les déformations et d’accompagner la croissance des topiaires.

« Les travaux des jardiniers qui vont suivre sont essentiels pour éviter que le jardin connaisse énormément de déformation », conclut Pierre Bortolussi.

Accueil des visiteurs et calendrier récent

Le parterre a été rendu accessible au public lors des Jeux olympiques de Paris 2024, période durant laquelle le château de Versailles accueillait les compétitions équestres. À cette occasion, les premiers visiteurs ont pu apprécier le dessin restauré, même si la végétation était encore jeune.

« C’était in extremis pour les JO, car tout était encore jeune. C’est vraiment cet été que le parterre a retrouvé son éclat, les topiaires ont déjà gagné un peu d’ampleur. Il faut évidemment quelques années pour que progressivement ces plantes prennent leur plein développement », précise Christophe Leribault, président de l’établissement public du château de Versailles.

La restauration rend visible non seulement une esthétique d’époque, mais aussi le résultat d’une collaboration entre historiens, archéologues et jardiniers visant à faire revivre un patrimoine paysager exceptionnel, fidèle aux intentions de Le Nôtre.