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Au moins 33 personnes, dont des patients et des soignants, ont été tuées et environ 70 blessées après qu’une frappe aérienne attribuée au gouvernement militaire a touché l’hôpital principal de Mrauk U, dans l’ouest de la Birmanie, ont indiqué des combattants rebelles, des travailleurs humanitaires et un témoin. L’établissement, qui disposait de 300 lits et était surchargé de patients, a été, selon plusieurs sources, lourdement détruit.
Bilan humain et dégâts
Les autorités locales et organisations sur place rapportent des chiffres proches mais variables :
- Au moins 33 morts selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
- Environ 68 à 70 blessés, d’après des travailleurs humanitaires.
- La salle d’opération et le service principal d’hospitalisation ont été « complètement détruits ».
Un porte-parole de l’Arakan Army, Khine Thu Kha, a déclaré que « l’hôpital général de Mrauk U a été complètement détruit » et que le nombre élevé de victimes s’explique par un impact direct de la bombe.
Témoignages depuis le terrain
Des témoins oculaires et des secouristes décrivent une scène d’horreur : toitures effondrées, colonnes brisées et corps étendus autour des ruines. Un travailleur humanitaire, Wai Hun Aung, a rapporté que l’hôpital était débordé au moment de l’attaque et a confirmé plusieurs dizaines de morts et de blessés.
Un résident de 23 ans, arrivé sur les lieux peu après les explosions, a raconté avoir vu l’hôpital en flammes, de nombreux blessés et des corps. Le journaliste Tony Cheng a précisé qu’une bombe d’environ 454 kg (1 000 livres) aurait été larguée par un avion militaire dans la région, aggravant la terreur quotidienne des populations locales.
Réactions internationales
Les condamnations ont été rapides :
- Volker Türk, chef des droits de l’homme de l’ONU, a dénoncé ces attaques « dans les termes les plus fermes » et demandé une enquête, estimant que de tels actes « peuvent constituer un crime de guerre ». Il a appelé à des poursuites et au recours à des mécanismes internationaux si nécessaire.
- Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS, s’est dit « consterné » et a rappelé que l’hôpital était le principal centre d’urgence, d’obstétrique et de chirurgie de la zone. Il a également précisé qu’il s’agissait de la 67e attaque vérifiée contre des structures ou du personnel de santé en Birmanie cette année.
Contexte du conflit
La Birmanie est en proie à un conflit armé majeur depuis la répression des manifestations contre le coup d’État de 2021 qui a renversé le gouvernement élu. Des groupes de résistance et des armées ethniques, dont l’Arakan Army, affrontent l’armée sur plusieurs fronts.
Depuis la rupture d’un cessez-le-feu en 2023, l’Arakan Army affirme avoir chassé l’armée de 14 des 17 cantons de l’État de Rakhine. La zone contrôlée par ce mouvement serait devenue plus vaste que la Belgique, selon une analyse de l’ISEAS–Yusof Ishak Institute.
Mrauk U, dans le nord de l’État de Rakhine, était sous le contrôle de l’Arakan Army depuis l’année précédente et n’avait pas connu de combats récents, selon Khine Thu Kha.
Montée des frappes aériennes
Le gouvernement militaire, seul détenteur d’une force aérienne dans le pays, a intensifié l’usage de frappes pour atteindre des objectifs en zones tenues par les rebelles. Selon l’Armed Conflict Location & Event Data Project, les frappes aériennes se sont multipliées cette année.
- De janvier à fin novembre, 2 165 frappes aériennes ont été recensées, contre 1 716 sur l’ensemble de 2024.
Ces attaques régulières ont poussé de nombreuses familles à aménager des abris anti-bombes et à se cacher dès l’apparition d’appareils aériens au-dessus de leurs localités.
Sources et lectures complémentaires
Pour un contexte plus large sur la guerre civile en Birmanie et des reportages de terrain, voir :
- Reporting from behind shifting front lines in Myanmar’s civil war
- Myanmar military arrests more than 2,000 people at infamous scam centre
- Students among 18 killed in Myanmar strike on Rakhine schools: Armed group
- Myanmar’s military rulers grant amnesty to thousands ahead of election
- Myanmar military raids online scam hub, arrests nearly 350 on Thai border