Home Actualité Israël divisé face à la contestation interne dans le conflit de Gaza

Israël divisé face à la contestation interne dans le conflit de Gaza

by Sara
Israël divisé face à la contestation interne dans le conflit de Gaza
Israël, Palestine

Alors que la guerre dévastatrice d’Israël contre Gaza se poursuit, soutenue par un Premier ministre déterminé à obtenir une victoire militaire totale, les divisions au sein de la société israélienne s’approfondissent de manière inquiétante.

Ces dernières semaines, les activistes pacifistes israéliens et les groupes anti-guerre ont intensifié leur campagne contre le conflit, tandis que les partisans de la guerre augmentent la pression pour son maintien, quel qu’en soit le coût humanitaire, politique ou diplomatique.

Pressions internes et contestations

Des membres de l’armée ont publié des lettres ouvertes protestant contre les motivations politiques qui prolongent la guerre à Gaza. Ils avertissent également que la récente offensive, qui rase systématiquement Gaza, met en danger les derniers otages israéliens détenus dans les territoires palestiniens.

Une autre lettre ouverte, signée par des universitaires israéliens, a mis en lumière une réalité rare depuis le début du conflit en octobre 2023 : la souffrance palestinienne.

Parallèlement, des campagnes de protestation et des refus de service militaire se sont répandus, mêlant sentiments pacifistes et colère croissante face à la gestion gouvernementale de la guerre, menaçant ainsi l’effort militaire israélien, qui dépend fortement de la mobilisation des jeunes du pays.

La droite extrême au pouvoir

Il est crucial de ne pas confondre la critique croissante de la gestion gouvernementale avec une sympathie massive envers le peuple palestinien. Un sondage récent révèle que 82 % des Israéliens juifs souhaitent toujours voir Gaza débarrassée de sa population palestinienne, et près de la moitié soutiennent ce qu’ils qualifient de « massacre » des civils dans les villes ennemies occupées par l’armée israélienne.

Le lundi précédent, des milliers d’Israéliens, menés par le ministre de la Sécurité nationale d’extrême droite, Itamar Ben-Gvir, ont défilé dans la vieille ville de Jérusalem-Est occupée en scandant « mort aux Arabes » et en agressant toute personne perçue comme palestinienne ou comme les défendant.

Le ministre des Finances ultranationaliste, Bezalel Smotrich, présent lors de la marche « Jour de Jérusalem », a appelé ouvertement à l’annexion de la Cisjordanie occupée et au déplacement des Palestiniens de Gaza. Interrogé sur la peur d’une victoire ou de l’occupation, la foule a répondu par un retentissant « non ».

Selon l’ancien diplomate israélien Alon Pinkas, la droite extrême se sent légitimée par un an et demi de conflit, convaincue que toute hésitation signifierait une défaite.

Une dissidence croissante

Alors que l’offensive israélienne à Gaza s’intensifie, avec plus de 54 000 Palestiniens tués, les voix dissidentes s’élèvent également. En avril, plus de 1 000 pilotes en service et à la retraite ont protesté contre une guerre qu’ils jugent motivée par des intérêts politiques et personnels plutôt que par la sécurité.

D’autres lettres ouvertes et des campagnes incitant les jeunes Israéliens à refuser le service militaire ont suivi, traduisant une opposition grandissante parmi la jeunesse.

Yair Golan, chef du Parti démocrate israélien et ancien général, qui avait initialement soutenu la guerre, a récemment critiqué fermement le conflit, mettant en garde contre le risque que l’État d’Israël devienne un « paria » tuant « des bébés pour le plaisir » et poursuivant une politique d’expulsion des populations.

Ses propos ont suscité une vive controverse, notamment lors d’une conférence dans le sud d’Israël où il a été hué et traité de traître par des membres de l’extrême droite avant d’être évacué par la sécurité.

Ofer Cassif, député anti-sioniste, a longuement dénoncé la manière dont Israël traite les Palestiniens et a confié que les menaces et les attaques physiques qu’il subit se sont intensifiées depuis le début de la guerre, touchant aussi bien les militants pacifistes que les familles des otages.

Les luttes au sein du spectre politique israélien

La critique de la guerre ne vient pas seulement de l’opposition, mais aussi de figures aux positions diverses, souvent avec un passé militaire important. Golan a été critiqué autrefois pour avoir utilisé des civils palestiniens comme boucliers humains.

Yehouda Shenhav-Shahrabani, professeur à l’Université de Tel Aviv, qualifie la situation de « lutte entre deux élites sionistes fascistes sous différentes formes », opposant les Juifs ashkénazes, fondateurs de l’État et de l’occupation, aux sionistes religieux actuels comme Smotrich et Ben-Gvir.

Pour lui, cette opposition dépasse le clivage gauche-droite, car aucun camp ne semble conscient du génocide qui se déroule à Gaza.

Une intensification militaire et une expansion territoriale

Depuis la rupture unilatérale du cessez-le-feu en mars, près de 4 000 Palestiniens, dont des centaines d’enfants, ont été tués. Le siège imposé à Gaza depuis le 2 mars a conduit la population restante, d’environ deux millions de personnes, au bord de la famine, selon les agences internationales dont l’ONU.

La guerre israélienne s’accélère également en Cisjordanie, avec une occupation et un nivellement de larges zones, provoquant le déplacement de 40 000 habitants pour établir un réseau militaire israélien.

Le jeudi suivant, le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, accompagné de Smotrich, a annoncé la création de 22 nouvelles colonies israéliennes en Cisjordanie, défiant ainsi ouvertement le droit international.

Smotrich, colon installé sur des terres palestiniennes, a longtemps exprimé son intention d’annexer la Cisjordanie et a évoqué la destruction totale de Gaza ainsi que l’expulsion de sa population vers une bande de terre minuscule près de la frontière égyptienne.

Un avenir incertain

Yehouda Shenhav-Shahrabani se rappelle une rencontre en 1994 en Afrique du Sud avec un juge juif de la Cour suprême, blessé par une bombe afrikaner pendant la lutte contre l’apartheid. Selon ce juge, rien ne changera pour les Palestiniens tant que les Israéliens ne seront pas prêts à aller en prison pour eux, une étape qui n’est pas encore franchie.

source:https://www.aljazeera.com/news/2025/5/31/divided-israel-faces-internal-unrest-escalating-gaza-conflict

You may also like

Leave a Comment

Droits d’auteur © 2024 – onemedia.fr – Tous droits réservés