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Plus de 66 000 auteurs de violences conjugales pris en charge en France depuis 2021

by charles
Violences conjugales : plus de 66 000 auteurs pris en charge en quatre ans en France dans des centres spéciaux
France

Depuis 2021, un dispositif français ambitieux visant à lutter contre la récidive de violences conjugales affiche des résultats significatifs, avec plus de 66 000 personnes prises en charge dans les centres dédiés. Ces centres, créés dans le cadre du Grenelle des violences conjugales de 2019 et devenus pleinement opérationnels en 2021, ont pour objectif de prévenir le passage à l’acte et la récidive en proposant un accompagnement adapté aux auteurs de violences.

Une montée en puissance malgré des moyens encore limités

Selon les chiffres officiels, depuis leur mise en place, 66 694 personnes ont été accueillies dans ces centres en France. L’année 2024 affiche une hausse notable, avec 21 856 individus pris en charge, soit une augmentation de 57 % par rapport à 2022. La majorité des personnes accueillies sont des hommes, bien que quelques femmes soient également concernées. La plupart proviennent de milieux urbains ou ruraux, avec un profil très varié, aucun « profil type » n’étant identifiable parmi les récipiendaires.

Les centres proposent principalement des stages de responsabilisation, souvent d’une à six journées, ainsi que des groupes de parole. Sur la base du volontariat ou dans le cadre d’une démarche judiciaire—telle que l’alternative aux poursuites ou un contrôle judiciaire—ces programmes visent à responsabiliser et à responsabiliser les auteurs de violences conjugales. En 2023, 11 022 personnes ont participé à ces stages, auxquelles s’ajoute un suivi psychologique et médical selon les besoins individels, notamment en addictologie.

Centre de suivi pour auteurs de violences conjugales

Les défis liés à la demande et les enjeux financiers

Malgré leur expansion, ces dispositifs font face à une forte demande qui dépasse largement leurs capacités d’accueil. En effet, seules des priorités sont possibles, principalement celles émanant de la justice. Claire Haury, directrice générale de l’ARSL qui coordonne ces centres, soulignait récemment que « les moyens actuels (autour de 5 millions d’euros par an) sont insuffisants pour prendre en charge l’ensemble des flux » et que « les auteurs qui prennent eux-mêmes contact avec nous » ont souvent des délais d’attente ou finissent par être mis sur liste d’attente. Pourtant, leur prise en charge immédiate est essentielle, d’autant que nombreux sont ceux qui cherchent volontairement l’aide.

Avec plus de 271 000 victimes recensées en 2023 par les forces de sécurité — principalement des femmes — et 96 féminicides, la lutte contre ces violences demeure une priorité nationale. Les centres de suivi apportent une réponse spécifique à la prévention, tout en étant confrontés à la nécessité de renforcer leurs ressources pour répondre à la demande croissante.

Une diversité des profils et des modalités d’intervention

Les profils des auteurs sont très variés mais aussi difficiles à catégoriser. La majorité sont en emploi, issus de milieux socio-économiques divers, certains encore en couple, d’autres séparés. Des démarches volontaires pour un accompagnement médico-social ou psychothérapeutique ont connu une augmentation de 80 % entre 2021 et 2023, témoignant d’un changement dans la perception de ces programmes par les personnes concernées.

Les intervenants insistent cependant sur l’importance de traiter rapidement toute demande, qu’elle soit volontaire ou judiciaire, afin d’éviter la répétition des violences, voire de futurs féminicides. La prévention passe aussi par un accompagnement global, intégrant des soins en addictologie et un suivi psychologique pour garantir un engagement durable.

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