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Serena Franken, âgée de 34 ans, a récemment partagé son expérience douloureuse en tant que victime de traite humaine. Elle raconte comment elle a été exploitée et comment elle a failli être vendue. Un projet de loi visant à faciliter la poursuite des responsables de tels actes est actuellement examiné par la Tweede Kamer. Serena témoigne : « J’ai été mise devant une webcam dans une maison ordinaire à Eindhoven. »
Une problématique persistante aux Pays-Bas
Malgré les efforts, la lutte contre la traite humaine reste un défi important aux Pays-Bas, selon le Centre de la traite d’enfants et de la traite humaine (CKM). La nouvelle loi envisagée vise à moderniser l’approche pénale concernant la traite humaine, avec pour objectif d’améliorer la poursuite des criminels et la protection des victimes. Chaque année, environ six mille personnes tombent entre les mains des trafiquants, mais la plupart d’entre elles restent invisibles.
Des méthodes d’exploitation inédites
Les cas d’exploitation se produisent de plus en plus dans des lieux inattendus, tels que des maisons en rangée, des hôtels et des résidences étudiantes, selon la porte-parole du CKM, Verena Elders. Elle décrit ces situations comme « incontrôlables et insaisissables pour la justice ».
Un parcours tragique
Serena a été victime de violences dès l’âge de quinze ans. « J’ai toujours été une fille très timide à l’école primaire. J’ai manqué de beaucoup de choses pendant mon enfance. » À l’adolescence, elle a commencé à recevoir de l’attention des garçons et a pris un chemin dangereux. « Je ne me souviens même plus comment j’ai rencontré mon ancien petit ami, » se rappelle-t-elle. Très vite, elle a commencé à être manipulée et exploitée pour des actes terribles.
Exploitation horrifique
Serena a subi des abus physiques et émotionnels. Elle a été forcée d’avoir des relations sexuelles devant son oncle, qui filmait tout et diffusait les vidéos en ligne. « Après les relations, je devais me montrer nue devant la webcam. Si je ne le faisais pas, je recevais des coups et des humiliations, » se souvient-elle. La dépendance aux drogues, comme la speed et l’ecstasy, l’a empêchée de ressentir quoi que ce soit.
Le piège de la honte
Bien qu’elle soit clairement victime, Serena se sentait coupable. Les policiers, bien que conscients de son exploitation, n’ont pu intervenir que si elle portait plainte, ce qu’elle a refusé de faire par peur des représailles. La volonté de porter plainte parmi les victimes reste très faible, selon le CKM. « Les victimes doivent parfois raconter leur histoire plusieurs fois et faire face à des questions humiliantes lors des procédures judiciaires, » explique Elders.
Un besoin de changement
Serena estime que l’approche des autorités doit être révisée. « Être traité avec confiance et compréhension en tant que victime pourrait faire une grande différence. » Après avoir rompu avec son ancien partenaire, elle a connu une période de rétablissement. Cependant, des traumatismes non résolus l’ont poussée à replonger dans la consommation de drogues et à entrer dans une nouvelle relation toxique.
Fuir le danger
Heureusement, une connaissance a alerté Serena des intentions de son partenaire, qui voulait l’emmener à l’étranger pour la vendre comme esclave sexuelle. Elle a réussi à s’échapper, mais a mis trois ans à reconstruire sa vie. Maintenant, elle partage son histoire dans des écoles pour sensibiliser les jeunes sur cette réalité. « Il est crucial de parler et de reconnaître ce que nous avons vécu. C’est ainsi que l’on peut se libérer de la honte, » conclut-elle.
À propos de la loi en préparation
La traite humaine est actuellement illégale aux Pays-Bas, mais la loi nécessite une mise à jour. L’ancien secrétaire d’État Eric van der Burg (VVD) a introduit un projet de loi l’année dernière pour élargir et simplifier les dispositions pénales relatives à la traite humaine. Ce projet inclut de nouvelles infractions, notamment concernant l’exploitation des travailleurs migrants. Le ministre actuel, David van Weel, affirme que cette nouvelle législation reflétera mieux ce qui est considérée comme un crime.