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Le débat sur la procédure d’extraction de détenus dangereux, notamment dans le cadre des enquêtes liées au narcotrafic, refait surface en France. La prochaine extraction du narcotrafiquant Mohamed Amra, prévue pour la semaine prochaine, mobilise l’attention des autorités et des syndicats pénitentiaires. Alors que l’État privilégie l’usage de la visioconférence pour limiter les risques, certains responsables dénoncent une décision non adaptée aux dangers encourus.
Un contexte tendu autour de l’extraction de Mohamed Amra
Mohamed Amra, surnommé « La Mouche », est au centre d’un dossier judiciaire complexe, incluant des accusations de meurtres en bande organisée. Après une tentative d’évasion dramatique en mai dernier lors d’une opération de transfert dans l’Eure, il avait été retrouvé à Bucarest en Roumanie, avant d’être réincarcéré. Son transfert prévu pour cet interrogatoire est source de vives tensions, notamment du côté des syndicats, qui dénoncent l’425danger que représente la sortie d’un détenu aussi dangereux.
Les enjeux de sécurité et les positions divergentes
Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a exprimé son scepticisme quant à la nécessité de faire déplacer physiquement le juge. Sur RTL, il a déclaré que « faire sortir des types aussi dangereux, ce sont des risques majeurs » et a insisté sur l’efficacité de la visioconférence, dispositif prévu par la loi récemment renforcée. Selon lui, cette méthode permettrait de limiter la dangerosité de telles opérations tout en réduisant les coûts pour l’État et, surtout, en protégeant la vie des agents de sécurité.
Les syndicats pénitentiaires, eux, dénoncent ce choix. Wilfried Fonck, secrétaire national de l’UFAP UNSa Justice, a qualifié cette décision d’« outrée et scandaleuse », soulignant que le principe de la visioconférence devrait primer. Il regrette que le magistrat ne soit pas allé sur place, notamment à Condé-sur-Sarthe, comme le suggèrent certains responsables syndicaux. Les agents pénitentiaires, témoins des risques encourus, craignent des catastrophes similaires à celle de mai dernier, lors de laquelle deux agents avaient perdu la vie et trois autres avaient été grièvement blessés lors d’une extraction précédente.
Une position affirmée par les autorités
Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a affirmé lors d’une intervention télévisée qu’« il ne se passera rien » et que le transfert serait effectué dans de « magnifiques conditions » par des unités d’élite comme le GIGN ou le RAID. Il souligne que les moyens déployés pour assurer la sécurité de l’opération sont à la hauteur des risques encourus.
Le cas de Mohamed Amra est également marqué par des tentatives d’évasion : plusieurs avaient été éventées au préalable, notamment en mai, avec la détection d’un barreau scié dans sa cellule, et lors de l’opération précédente, deux tentatives de fuite ont été déjouées. Le dossier, très volumineux, concerne trente-huit personnes et mobilise des moyens exceptionnels des forces de l’ordre dans un contexte de criminalité organisée très structurée.