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Le dernier rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR) apporte des éclaircissements sur la viabilité du système des retraites en France, contredisant certaines inquiétudes relayées dans la presse. Bien que des fuites aient précédé sa publication, le rapport final indique que le système peut rester soutenable quelles que soient les hypothèses envisagées.
Des fuites médiatiques et un rapport controversé
Chaque année, le rapport du COR suscite des attentes et des spéculations dans les médias. Cette année, les premières versions du rapport, insérées dans un contexte polarisé, ont révélé des recommandations très proches des convictions de son président, Gilbert Cette, un économiste libéral. Cela a mis en question l’indépendance et l’objectivité de cette institution qui, d’ordinaire, est reconnue pour sa capacité à établir un diagnostic consensuel.
Le 6 juin, quelques jours avant l’adoption officielle du rapport, une préconisation du COR a fait grand bruit, suggérant un report de l’âge légal de la retraite à 64,3 ans d’ici 2030, atteignant 66,5 ans en 2070. Cette annonce a été vivement critiquée, notamment par Anne Lavigne, économiste en protection sociale, qui a souligné l’absence de préconisations du COR.
Une présentation tendancieuse
Le rapport présente chaque année les conséquences macroéconomiques des âges de départ à la retraite. Toutefois, la formulation de cette édition a été interprétée comme suggérant que seule l’augmentation de l’âge de départ serait viable pour éviter un ralentissement économique. Les alternatives, telles que l’augmentation des cotisations patronales ou salariales, ont été jugées néfastes pour le pouvoir d’achat et la compétitivité.
Les critiques des partenaires sociaux, qui collaborent avec le COR, ont été vives. Pour eux, la fuite du rapport semble avoir pour but de soutenir la réforme des retraites adoptée en 2023 et d’éviter toute remise en question. Denis Gravouil, représentant de la CGT, a évoqué une manœuvre politique opportuniste.
Les effets incertains du report de l’âge
Le rapport souligne que les effets macroéconomiques des différentes options de départ à la retraite ne sont pas comparables. En s’appuyant sur une étude de la Cour des comptes, il affirme que le report de l’âge légal pourrait augmenter l’offre de travail et, par conséquent, l’emploi ainsi que le PIB. Cependant, des économistes, comme Michaël Zemmour, ont exprimé des doutes concernant la validité de ces affirmations, soulignant que les modèles utilisés pourraient être trop optimistes et ne pas refléter la réalité du marché du travail.
Le rapport a également noté qu’il n’y a pas eu de nouveaux travaux sur les effets macroéconomiques depuis 2023, rendant certaines conclusions obsolètes.
Un déficit sous contrôle
En 2024, les dépenses brutes du système de retraite représentent 13,9 % du PIB, soit 406,9 milliards d’euros. Malgré un nombre croissant de retraités, ces dépenses devraient se stabiliser à 14 % jusqu’en 2030. Le déficit, qui s’élevait à 1,7 milliard d’euros en 2024, devrait atteindre 6,6 milliards d’euros en 2030, ce qui reste gérable par rapport aux standards historiques.
Le rapport insiste sur le fait que le déficit résulte davantage d’un manque à gagner en recettes que d’un excès de dépenses. Les ressources pourraient diminuer à l’avenir, soulevant des questions sur les mesures nécessaires pour assurer la pérennité du système.
À la recherche de solutions
Pour garantir un avenir stable pour les retraites tout en évitant l’appauvrissement des pensionnés, des solutions doivent être trouvées. Les partenaires sociaux, conscients des enjeux, proposent diverses mesures. Parmi celles-ci, des ajustements pour améliorer le taux d’emploi, notamment en mettant fin aux temps partiels subis pour les femmes, pourraient rapporter entre 6 et 30 milliards d’euros.
Alors que le débat sur les cotisations se poursuit, il est essentiel d’évaluer les coûts sociaux liés à tout changement d’âge de départ. Anne Lavigne rappelle que l’objectif fondamental du système de retraite doit être de garantir un revenu de remplacement aux personnes âgées qui ne peuvent plus travailler, afin d’assurer une qualité de vie digne.