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Les émeutes à Los Angeles : Trump et la dérive autocratique

by Sara
Les émeutes à Los Angeles : Trump et la dérive autocratique
France, États-Unis

Les États-Unis sont en proie à une crise profonde, selon Donald Trump, avec une « invasion » de sans-papiers, des émeutes à Los Angeles, de possibles pénuries pétrolières et un déficit commercial colossal. Pour faire face à cette multitude de défis, le président a décrété l’état d’urgence à plusieurs reprises, bien que ces actions soulèvent des interrogations quant à leur nécessité.

Des pouvoirs extraordinaires

Kim Scheppele, spécialiste de la chute des démocraties à l’université de Princeton, affirme que Trump « invente des fausses situations d’urgence pour s’arroger des pouvoirs extraordinaires ». Cela lui permet d’outrepasser le Congrès et d’imposer ses réformes de manière autocratique, tout en se présentant comme le sauveur de la nation. En seulement quatre mois de présidence, Trump a émis huit déclarations d’urgence, un chiffre bien supérieur à celui de ses prédécesseurs. Joe Biden avait lancé 11 déclarations en quatre ans, tandis que Barack Obama en avait fait de même 12 en huit ans, selon le Brennan Center.

Actions controversées à la frontière mexicaine

Le président a déclaré l’état d’urgence nationale à la frontière mexicaine, ce qui lui a permis de rediriger les ressources militaires vers cette zone, de poursuivre la construction d’un mur et d’y déployer l’armée et la Garde nationale. De plus, sa déclaration d’urgence concernant les cartels de la drogue, désormais désignés comme organisations terroristes, a facilité l’expulsion de présumés membres de gangs. En avril, la Maison-Blanche a invoqué un état d’urgence économique en raison du déficit commercial pour imposer des hausses immédiates de droits de douane, sans suivre les procédures habituelles. L’urgence énergétique a également été déclarée pour accélérer les projets de forage en assouplissant les réglementations environnementales.

Des crises souvent exagérées

Malgré ces déclarations d’urgence, beaucoup de ces crises ne sont ni réelles ni urgentes. Le déficit commercial américain a des racines profondes et persistantes. Contrairement aux affirmations du décret, les États-Unis disposent d’une abondance de pétrole et de gaz, étant les premiers producteurs mondiaux. Le déploiement de la Garde nationale à Los Angeles semble plus une manœuvre politique pour renforcer son image d’homme fort et plaire à sa base anti-immigration qu’une réponse à une réelle crise. Les manifestations, bien que notables, étaient sporadiques, et la police locale affirmait avoir la situation sous contrôle.

Un recours à l’autorité d’urgence sans précédent

Elena Chachko, professeure de droit à l’université de Berkeley, note que l’usage de l’autorité d’urgence par Trump est unique. Alors que d’autres présidents l’ont utilisé dans des contextes de crise avérée, comme lors des attentats du 11 septembre ou des pandémies, Trump l’utilise pour gouverner sans contraintes. Sa stratégie inclut également la promulgation de décrets pour appliquer des mesures qu’il ne pourrait pas mettre en œuvre par d’autres moyens, comme des réductions significatives de subventions à la recherche scientifique.

Manque de contrôle et conséquences judiciaires

Il existe peu de garde-fous pour limiter l’utilisation abusive de ces pouvoirs d’urgence. Le Congrès ne peut intervenir qu’avec une majorité des deux tiers, une tâche presque impossible dans le climat politique actuel. Les tribunaux jouent un rôle crucial. Plusieurs juges ont récemment estimé que Trump avait outrepassé ses prérogatives en matière de taxation douanière. En attendant de rendre leur verdict, une cour d’appel a décidé de maintenir temporairement ces mesures.

La Cour suprême face à un dilemme

La Cour suprême, dominée par des juges républicains, devra bientôt se prononcer sur ces questions, ce qui préoccupe les experts. Chachko souligne que la Cour a été très favorable envers le président et a pris des décisions renforçant ses pouvoirs. Kim Scheppele augure également que les juges ne limiteront pas l’autorité d’urgence, favorisant une extension des prérogatives exécutives. Cette situation est alarmante pour elle, qui avertit que dans d’autres pays, un pouvoir illimité donné au président a souvent conduit à la fin de la démocratie.

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