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Le Garde des Sceaux, Gérald Darmanin, a annoncé la création de deux prisons de haute sécurité en France, prévues pour 2025. Lors de son intervention au journal de 20 heures sur France 2, il a précisé que ces établissements pénitentiaires seront destinés aux narcotrafiquants jugés dangereux. Le premier sera situé à Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais, et sera opérationnel à partir du 31 juillet, tandis que le second, à Condé-sur-Sarthe (Orne), accueillera des prisonniers dès le 15 octobre. Gérald Darmanin a déclaré : « Ça fait 200 narcotrafiquants qui, d’ici le 15 octobre, seront totalement à l’isolement du reste de la société. »
Des prisons pour les plus dangereux
Ces prisons sur-mesure accueilleront non seulement des narcotrafiquants, mais aussi « les personnes les plus dangereuses », a précisé le ministre. Selon ses déclarations, ces établissements sont conçus pour des individus qualifiés de dangereux pour la société, notamment ceux capables de s’évader, de menacer le personnel pénitentiaire, ou d’organiser des corruptions.
« Des terroristes islamistes » pourraient également figurer parmi les détenus, ajoutant une couche de complexité à la gestion de ces nouvelles installations.
La sécurité des gardiens au cœur des préoccupations
Gérald Darmanin a souligné l’importance de la sélection des gardiens qui travailleront dans ces prisons. Il a mentionné qu’une attention particulière sera portée à leur profil pour éviter des corruptions potentielles : « On va les habiliter, on va regarder s’ils ont des failles personnelles […] parce que vous êtes plus facilement corruptibles. »
Il a par ailleurs insisté sur la nécessité d’anonymiser ces agents pour assurer leur sécurité. « Ils ont des menaces car on donne leur nom aujourd’hui. […] On les anonymise, qu’on ne voit jamais leurs noms, que dans les PV qu’ils remplissent, on ne connaisse pas leur identité », a-t-il ajouté.
Un changement dans la gestion carcérale
Le ministre a également évoqué un changement dans le ratio gardien/détail : « Finie l’équation carcérale ‘un détenu pour un gardien’. On va aussi mettre à chaque fois 2-3 gardiens pour un détenu » afin d’assurer une surveillance efficace et sécurisée.
Les détenus pourront être placés dans ce régime d’isolement pour « quatre ans renouvelables », une mesure qui fait écho à des pratiques observées en Italie.
Un modèle inspiré de la lutte anti-mafia
Le cas de Mohamed Amra, dont l’évasion a entraîné la mort de deux agents pénitentiaires en mai 2024, a souvent été cité par Gérald Darmanin pour justifier la mise en place de ces nouvelles prisons. Le régime carcéral proposé est fortement inspiré de la lutte anti-mafia italienne. Ce « régime de détention très strict » a été intégré dans un amendement sur le narcotrafic, adopté par la commission des lois de l’Assemblée nationale.
Les mesures incluent des fouilles intégrales après tout contact avec l’extérieur, des parloirs sécurisés, ainsi qu’un accès limité aux communications téléphoniques. Les détenus seront affectés dans ces établissements sur décision du Garde des Sceaux pour une durée de quatre ans, renouvelable.
Cependant, ces mesures ont suscité des critiques de l’Observatoire international des prisons, qui les juge « attentatoires aux droits fondamentaux ».
Réactions et consultations
Mercredi, Gérald Darmanin a rencontré des représentants syndicaux du secteur pénitentiaire et des magistrats, bien que le Syndicat de la magistrature ait refusé l’invitation, critiquant l’absence de consultation préalable des organisations représentatives concernant son plan de « narcoprison ».