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Réunis à Bercy ce lundi 28 avril, les ministres de l’Économie, Éric Lombard, et du Tourisme, Nathalie Delattre, ont présenté une nouvelle stratégie ambitieuse pour soutenir et transformer la filière touristique française d’ici 2030. Représentant entre 7 et 8 % du PIB national et créant 2 millions d’emplois directs, le secteur du tourisme demeure un pilier économique essentiel de la France.
Une stratégie axée sur la modernisation et la durabilité
Alors que l’effet des Jeux Olympiques s’est progressivement estompé, Bercy cherche à renouveler l’attractivité touristique du pays en misant sur deux axes majeurs : la modernisation des infrastructures et l’intégration d’un volet durable pour « verdir » l’offre et encourager l’adoption des critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance). L’objectif est clair : faire de la France une destination touristique durable de référence mondiale.
« Le tourisme est une locomotive économique qui doit aussi devenir un exemple d’innovation, d’inclusivité et de résilience », a rappelé Nathalie Delattre. Face à des visiteurs de plus en plus sensibles aux enjeux environnementaux et sociétaux, l’offre touristique doit se réinventer rapidement.
Après la crise liée au Covid-19, le secteur a connu un fort rebond, avec une progression de 13 % du chiffre d’affaires global entre 2019 et 2022. En 2024, la France a accueilli 100 millions de visiteurs internationaux, générant 71 milliards d’euros de recettes.
Un plan d’investissement de 25 milliards d’euros par an
Nathalie Delattre a annoncé que l’investissement dans le tourisme pourrait atteindre 25 milliards d’euros annuels d’ici 2030. Pour y parvenir, le gouvernement mise non seulement sur les investissements publics, mais surtout sur l’attraction de capitaux privés, tant français qu’internationaux.
Dans cette optique, l’initiative Choose France est mise en avant afin d’attirer des financements étrangers, notamment pour restaurer et valoriser des établissements patrimoniaux, à l’image des « paradors à la française », qui allient patrimoine et services haut de gamme.
Quatre objectifs clés pour la transformation du tourisme en France
1. Montée en gamme et modernisation des infrastructures
Le parc hôtelier français, souvent considéré comme vieillissant, doit être rénové pour répondre aux attentes des clientèles internationales en termes de confort et de durabilité. Les établissements doivent intégrer des normes environnementales plus strictes, notamment sur la sobriété énergétique et la gestion de l’eau. Le plan montagne d’Atout France illustre déjà des efforts ciblés sur des zones sensibles.
2. Diversification géographique de l’offre
La majeure partie des recettes hôtelières (90 %) reste concentrée en Île-de-France, en Provence-Alpes-Côte d’Azur, dans les Alpes et en Occitanie. Pour encourager la découverte des zones secondaires, souvent délaissées, des aides à l’investissement et des incitations fiscales sont prévues afin de mieux répartir les retombées économiques du tourisme.
3. Transition numérique
La modernisation digitale, notamment via l’intelligence artificielle, est identifiée comme un levier majeur. Elle permettra de personnaliser les offres, d’analyser les flux touristiques en temps réel et d’optimiser les services pour une meilleure expérience client.
4. Tourisme durable et responsabilité environnementale
Aligné avec la politique européenne de neutralité carbone à horizon 2050, ce pilier soutient le développement des hébergements écologiques, des mobilités douces et des structures respectant les critères ESG. Il intègre aussi des dimensions sociales, telles que l’accessibilité, le tourisme social et la lutte contre l’exclusion. Nathalie Delattre a insisté sur le rôle du tourisme comme levier de transformation durable et sociale.
Surmonter les obstacles structurels pour une offre renouvelée
Pour faciliter la modernisation du secteur, il est crucial de développer de nouvelles infrastructures. Cependant, la disponibilité des terrains constructibles et la complexité administrative, en particulier dans le domaine de l’urbanisme, freinent les projets. Éric Lombard a souligné la nécessité de simplifier les démarches, d’accélérer les autorisations de travaux et de garantir un cadre clair pour les investisseurs.
La formation des petites et moyennes entreprises (PME) ainsi que des très petites entreprises (TPE) reste également un enjeu clé. Ces acteurs locaux doivent s’approprier le plan en intégrant les enjeux ESG, la transition numérique et l’accueil inclusif, afin de construire un tourisme performant et responsable.
Pour que la transformation soit pleinement effective, il faudra aussi renforcer la promotion et les liaisons vers les territoires régionaux. L’objectif est d’inciter les visiteurs internationaux à explorer au-delà de Paris ou de la Côte d’Azur, en découvrant une offre touristique plus étendue, moderne et respectueuse de l’environnement. Les régions devront s’équiper en outils de marketing territorial pour valoriser leurs atouts uniques, leur patrimoine et leurs expériences authentiques.
