Autonomie réelle des voitures électriques : promesses et réalités

Contexte et méthodologie de l’étude norvégienne

MENÉE à des températures comprises entre 7 et 17 °C, l’étude du NAF a évalué l’autonomie réelle avec trois niveaux de capacité résiduelle: 20 %, 10 % puis 0 % (batterie vide). Les tests ont été réalisés sur routes ouvertes plutôt qu’en laboratoire pour refléter les conditions quotidiennes des conducteurs. L’objectif est de mieux comprendre ce que signifient les chiffres publiés par les constructeurs lorsque la batterie approche de zéro et que des messages d’interface peuvent devenir trompeurs.

Les résultats mettent en lumière des surprises, notamment dans la zone critique sous 10 % de capacité, où l’ordinateur de bord peut afficher des chiffres peu fiables. Le système, pour préserver la batterie, réduit automatiquement puissance et vitesse afin d’optimiser les chances d’atteindre la prochaine borne. Cette réserve souligne l’écart entre les chiffres théoriques et les contraintes réelles de recharge et d’utilisation.

Des marges de sécurité et des limites de recharge en pratique

Les essais montrent qu’il est impossible d’atteindre une panne sèche sur un réservoir de carburant, mais avec une batterie électrique, il faut se ménager une marge de sécurité d’environ 10 à 20 %. En pratique, la portion réellement exploitable d’une batterie se situe plutôt entre 60 et 70 %, une marge prise en compte par les constructeurs et les fabricants de batteries pour éviter les scénarios d’urgence et les pertes de performance à 0 %. Cette approche conduit à des chiffres d’autonomie plus réalistes mais aussi à des écarts importants avec les estimations WLTP.

Résultats clés et exemples marquants

La comparaison montre que les meilleures performances concernent des modèles haut de gamme, avec des autonomies réalistes supérieures à certaines valeurs WLTP. Parmi les résultats notables, la Lucid Air se distingue par une autonomie remarquable, capable d’atteindre 722 km avec 10 % de réserve et 829 km jusqu’à la panne sérieuse selon l’étude. En parallèle, la Tesla Model 3 affiche 625 km à 10 % et 721 km jusqu’à la panne, tandis que la Model Y dépasse le chiffre WLTP officiel de 11,2 % avec 652 km d’autonomie réelle.

Autour de ces performances, plusieurs autres modèles affichent des autonomies supérieures à leurs prévisions WLTP, notamment MG S5, Polestar 4 et BYD Sealion 7. À l’inverse, la seule voiture française du comparatif, la Peugeot e-5008, montre des écarts plus modestes mais restent en deçà de certaines promesses WLTP, avec une autonomie réelle de 516 km contre 488 km annoncés.

Tableau récapitulatif des autonomies jusqu’à la panne

Comparatif WLTP / autonomie réelle

Le constat récurrent est que certaines voitures, loin d’être décevantes, dépassent les chiffres WLTP lorsque l’on prend en compte les marges et les conditions réelles. La Lucid Air affiche, dans ce cadre, une autonomie réelle bien supérieure à son chiffre WLTP dans cette série de tests, avec une performance marquante dans le haut de gamme. En revanche, d’autres modèles restent proches ou en dessous de leurs prévisions officielles, ce qui démontre la variabilité des résultats selon les conditions et l’utilisation.