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À partir du 12 février, une ambiance « rétro » va s’installer dans certaines salles de cinéma, notamment pour les spectateurs du film *The Brutalist* de Brady Corbet. Ce long-métrage, qui dure plus de trois heures et quinze minutes, comportera un entracte de quinze minutes après la première partie intitulée *The Enigma of Arrival*. Cette première partie raconte l’histoire de Laszlo Toth, un héros d’origine hongroise, pendant son implantation en Amérique entre 1947 et 1952. La seconde partie, nommée *The Hardcore of Beauty*, couvrira la période de 1953 à 1980.
Une décision réfléchie
Cette coupure dans le film répond à plusieurs raisons. D’abord, il y a un aspect physiologique. Alfred Hitchcock avait déclaré que « la durée d’un film devrait être en lien direct avec l’endurance de la vessie humaine ». Ensuite, le film ayant été tourné en 70 mm, il est nécessaire de changer de bobine. Toutefois, le réalisateur a également voulu faire de ce moment de pause un point de bascule dans l’histoire, un choix artistique qui mérite d’être souligné.
Une tradition en déclin ?
Alors que les films tendent à devenir de plus en plus longs, la multiplication de ces entractes reste incertaine. La digitalisation des salles de cinéma rend ces interruptions moins nécessaires, car les fichiers numériques ne requièrent pas de changement de bobine.
Les entractes ont longtemps été l’occasion pour les ouvreuses d’entrer dans la salle avec des plateaux de friandises, criant « bonbons, caramels, eskimos, chocolats ». Pour les spectateurs d’antan, ils étaient aussi des moments de distraction, marqués par des sketches ou des tours de magie.
Jean Mineur, pionnier des réclames
En France, ces entractes ont permis à Jean Mineur (1902-1985), un publicitaire de Valenciennes, de faire fortune. En 1924, il a eu l’idée d’y insérer des publicités, d’abord peintes sur les rideaux de l’écran, puis sous forme de courts métrages promotionnels dans les années 1930. Le fameux numéro de téléphone « Balzac 0001 » reste gravé dans les mémoires des spectateurs.
Un phénomène international
À la fin des années 1950, avec l’amélioration des technologies de projection, les entractes n’étaient plus nécessaires que pour les films dépassant trois heures. Des œuvres emblématiques comme *Ben-Hur* (1959) ou *Lawrence d’Arabie* (1962) en ont bénéficié. Le dernier film avec entracte programmé en France a été la biographie de *Gandhi* en 1982.
Malgré cela, certaines régions du monde conservent cette tradition. En Inde, les entractes font partie intégrante de l’expérience cinématographique. En Belgique, le réseau Kinepolis les maintient pour les films de plus de 2 heures 15, tout comme au Portugal et en Suisse, où la tradition perdure et rappelle les pauses du théâtre.