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Peter Bichsel : Réflexions sur l’Amour et la Vie à 90 Ans

par Sara
Suisse

À 90 ans, Peter Bichsel partage ses réflexions sur l’amour et la vie. Dans un entretien captivant, il aborde des thèmes profonds avec une sincérité désarmante, révélant ses pensées sur la sagesse, le patriotisme et la nature de l’amour.

Une Rencontre Inattendue

Nous avons écrit à Peter Bichsel pour lui demander un entretien sur l’amour. Après quelques hésitations, il a finalement accepté. Nous avons décidé de nous rendre chez lui, à Solothurn, dans un quartier où la ville se mêle à la nature. Armés de gâteau et de nombreuses questions, nous avons frappé à sa porte.

« Entrez », nous a-t-il accueillis cordialement, un jour d’été en 2024. Il se déplace rapidement dans sa cuisine jusqu’à son bureau surplombant le jardin. La lumière du soleil laisse danser des particules de poussière dans l’air. De nombreux livres et journaux sont éparpillés sur son bureau, à côté de cigarettes et d’une bouteille de whisky J&B.

La Quête de Sagesse

« Chaque année, des journalistes viennent ici pour vous interviewer. Que cherchons-nous ? », demandons-nous. Bichsel répond simplement : « La sagesse ? » Puis il ajoute avec un sourire malicieux : « Vous êtes au mauvais endroit. »

Il explique que ce que les enfants recherchent en écoutant les histoires de leurs parents, c’est quelqu’un qui leur explique le monde. Mais pour lui, la véritable essence de l’amour est bien plus complexe.

Réflexions sur l’Amour

« Ah, l’amour. Je trouve que c’est l’un des mots les plus horribles. Quand on parle d’amour, on commence déjà à mentir », déclare-t-il. Il considère l’amour comme un mot abusé, en le comparant à d’autres passions comme celle pour les timbres.

Pour Bichsel, « aimer » signifie avant tout « je ne veux pas que tu meures ». Il évoque également la notion de « gernhaben », une expression dialectale qui, selon lui, est plus forte et plus authentique que l’amour traditionnellement compris.

La Vie et la Mort

Lorsque nous discutons de la mort, Bichsel se montre apaisé : « Je n’ai jamais vraiment pensé à ma propre mort. J’ai perdu des proches, mais je n’ai pas peur de mourir. » Il fait référence à un ami qui, comme beaucoup d’autres, a laissé derrière lui des souvenirs et des histoires que seuls certains peuvent comprendre.

« Les histoires ne fonctionnent que si le public connaît le protagoniste », dit-il. En évoquant ses proches disparus, il souligne le poids de la mémoire et de la langue partagée.

La Solitude et l’Héritage

Au fil des années, il a vu ses contemporains disparaître. « Il ne reste plus que des noms dans mon carnet d’adresses. » Pourtant, il n’éprouve pas de tristesse à effacer leurs numéros, préférant chérir les souvenirs de ceux qui ont partagé son chemin.

Interrogé sur ce que signifie vieillir, il répond sans hésitation : « On ne devient pas plus sage avec l’âge. Tout cela est une illusion. » Il remet en question l’idée commune selon laquelle l’expérience apporte automatiquement la sagesse.

Un Regard sur le Présent

Bichsel exprime ses préoccupations sur l’état actuel du monde, décrivant une époque où le libéralisme et la démocratie semblent en déclin. « Les gens ne se battent pas pour la démocratie, mais pour la prospérité », dit-il, soulignant une tendance inquiétante dans la société moderne.

Il termine en se remémorant sa passion pour l’écriture, affirmant qu’il a écrit non pas par passion, mais parce qu’il était un mauvais footballeur. Sa vision de l’écriture est pragmatique, reliant la narration à la réalité de la vie et à la mort.

Peter Bichsel | Amour | Vieillesse | Interview | Littérature | Suisse

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