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Le hip-hop allemand est devenu un phénomène incontournable, avec des artistes comme Luciano, Shirin David ou Pashanim conquérant les charts et remplissant les salles de concert. Parmi cette effervescence, Apsilon se distingue par son approche unique. Lors d’un concert à Hambourg, il annonce son morceau suivant, révélant qu’il parle de l’amour de soi et de la lutte pour y parvenir, une thématique qui résonne avec une fragilité et une vulnérabilité rare dans le rap.
Une voix à part dans le rap allemand
Apsilon, âgé de 27 ans, s’exprime sur l’importance de la musique en tant que reflet du zeitgeist et de la réalité sociétale. Il souligne que les thèmes de fête et de consommation dans le rap sont souvent imbriqués avec des sentiments de désespoir et de résignation. Bien qu’il aborde des sujets différents, il refuse de dévaloriser le « street rap » et en explique la nécessité socioculturelle : « Lorsque les personnes issues de milieux défavorisés réussissent, il est normal qu’elles exhibent des symboles de statut. »
Un parcours marqué par des expériences variées
Natif du quartier de Moabit à Berlin, Apsilon a grandi dans un environnement où la criminalité et la pauvreté coexistaient avec des moments de beauté. Cette dualité a largement influencé sa vision du monde. À l’âge de 12 ou 13 ans, il commence à écrire des textes, inspiré par les rappeurs qu’il admire, tels que Sido et Eminem. Plus d’une décennie plus tard, son premier album, intitulé « Haut wie Pelz », voit le jour après plusieurs singles et EPs.
La famille joue un rôle central dans sa vie, notamment son frère Arman, qui produit ses morceaux et l’accompagne sur scène. Apsilon est le petit-fils d’immigrés turcs, une histoire familiale qu’il évoque souvent dans ses chansons, comme dans « Köfte », où il exprime la lutte de ses ancêtres pour une vie meilleure.
Un engagement politique fort
Apsilon évoque également l’impact de la politique sur sa musique. Les conversations avec ses grands-parents sur leur passé l’ont profondément marqué. De plus, l’attentat de Hanau en 2020, qui a coûté la vie à neuf personnes d’origine migrante, l’a incité à s’exprimer plus activement sur des questions sociopolitiques. Ce climat l’a poussé à questionner son identité et la place qu’il occupe dans la société allemande.
Sa musique, bien que mélodique et variée, aborde des thèmes politiques, comme en témoigne sa chanson « Koffer », qui traite des peurs liées à l’appartenance et aux identités culturelles. Apsilon refuse d’être réduit à l’étiquette de « rappeur conscient » : « Je veux que ma musique parle à tout le monde, mais je ne l’écris pas pour plaire à une étiquette.”
Exploration de l’identité
Apsilon exprime une vision nuancée de son identité culturelle. Bien qu’il se sente connecté à ses racines turques, il ne s’identifie pas complètement à l’Allemagne. Il critique les catégories nationalistes qui, selon lui, masquent des intérêts politiques opposés. Cette tension se retrouve dans ses morceaux où il aborde des thèmes tels que le racisme et l’inégalité sociale, tout en faisant preuve d’une sensibilité inédite lorsque cela concerne la vulnérabilité masculine et la gestion des émotions.
Apsilon continue de marquer les esprits grâce à sa capacité à mélanger fragilité et force dans ses textes, attirant ainsi l’attention d’un public de plus en plus large. Son œuvre propose un regard critique sur la société tout en célébrant l’universalité des émotions humaines.