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Les discussions à l’Assemblée nationale sur l’avenir énergétique de la France ont pris une tournure inattendue jeudi dernier, avec l’adoption d’un moratoire sur la création de nouvelles installations éoliennes et photovoltaïques. Cette décision a été qualifiée d' »irresponsable » par le gouvernement, suscitant des tensions parmi les députés.
Un vote controversé
L’amendement proposé par le député LR Jérôme Nury a été adopté de justesse, avec le soutien de la droite et de l’extrême droite, alors que les bancs de la gauche et des groupes du bloc central (Renaissance, Horizons, MoDem) étaient presque vides. Le Rassemblement national a profité de cette occasion pour critiquer les énergies « coûteuses et intermittentes ».
Réactions des députés
Suite à ce vote, plusieurs députés ont exprimé leur désarroi face à un texte qu’ils jugent « incohérent ». Les orateurs du Parti socialiste, des écologistes et de La France insoumise ont notamment demandé le retrait de cette mesure. Cependant, cette demande a été rejetée par le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, qui a insisté pour que l’examen du texte aille « à son terme ». Ce dernier pourrait se poursuivre vendredi si nécessaire.
Implications futures
Un vote solennel sur cette proposition de loi, initialement portée par le sénateur Daniel Gremillet (LR), est prévu pour mardi. Ce texte inclut également une relance massive du nucléaire. Certains députés insoumis ont interpellé les macronistes sur leur position concernant ce moratoire, suggérant qu’une possible rétractation pourrait se produire lors des prochaines lectures.
Le gouvernement avait précédemment annoncé qu’il publierait un décret établissant la nouvelle feuille de route énergétique pour la France, couvrant la période 2025-2035, avant la fin de l’été, c’est-à-dire avant l’adoption définitive de ce texte.
Des mesures jugées dévastatrices
Le député RN Jean-Philippe Tanguy a critiqué les manœuvres parlementaires, affirmant que les responsables contournent la démocratie quand cela ne leur convient pas. De plus, le Rassemblement national a récemment obtenu un autre succès avec l’approbation du redémarrage de la centrale nucléaire de Fessenheim, fermée en 2020.
Antoine Armand (Renaissance), rapporteur du texte, a qualifié l’introduction du moratoire de « catastrophe économique et industrielle ». Marc Ferracci a également exprimé son inquiétude, soulignant que ce vote enverrait un « mauvais signal » aux acteurs industriels. Le Syndicat des énergies renouvelables (SER) avait déjà exprimé ses craintes quant à l’évolution de ce projet législatif.
Objectifs d’énergie renouvelable
Dans un contexte de débat intense, l’Assemblée a approuvé un objectif de production d’énergie renouvelable pour 2030. Un amendement de la députée socialiste Marie-Noëlle Battistel stipule que sur les 560 térawattheures (TWh) d’électricité décarbonée nécessaires d’ici 2030, « au moins 200 » devront provenir de sources renouvelables. Cet amendement a été adopté avec le soutien de tous les groupes, à l’exception du RN et de ses alliés.
Matthias Tavel (LFI) a questionné la possibilité d’atteindre cet objectif sans le recours à l’éolien terrestre, à l’éolien maritime ou au photovoltaïque. Antoine Armand a également demandé une « clarification » sur les votes concernant le moratoire et les énergies renouvelables, tandis que la gauche a regretté que des amendements pour des objectifs chiffrés par filière n’aient pas été retenus.